Jusqu'à vendredi vont se succéder auprès des putschistes les chefs des partis puis ceux des confessions religieuses mardi, suivis par la société civile, les diplomates étrangers, les patrons des compagnies minières ou encore les syndicats d'ici à la fin de la semaine.
Avant l'ouverture des consultations en fin de matinée au Palais du peuple, siège du Parlement, des dizaines de représentants des partis politiques, qui ont appris cette convocation par les communiqués de la junte lus à la télévision nationale, se bousculaient pour passer une porte étroite gardée par des soldats.
Les discussions se déroulaient à huis clos, sans les médias internationaux, mais le nouveau maître du pays, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya devait prononcer une déclaration avant de laisser la parole aux partis.
Bien que seule une personne par parti ait été conviée, beaucoup sont venus à plusieurs, au risque d'être refoulés, avec parmi eux de nombreuses formations jusqu'alors inconnues.
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"Il faut stabiliser l'environnement politique et restaurer la confiance entre Guinéens", a déclaré à l'AFP Camara Lamine Singuila, porte-parole d'un de ces nouveaux partis, l'Unité et la liberté pour le développement, qui dit être venu écouter mais aussi "avec des propositions".
"On ne sait pas ce qui va se passer à l'intérieur. Il n'y a pas de feuille de route", a souligné Albert Keïta, secrétaire général de Nouvelle génération pour la République, qui était dans l'opposition au président déchu Alpha Condé.
Charte de transition
Cette nouvelle phase cruciale, après les mesures de l'immédiat après-putsch, s'ouvre dans une complète incertitude sur les plans de la junte et sa faculté à surmonter une multitude d'obstacles majeurs, qu'il s'agisse du délabrement du système politique, de la multiplicité des intérêts particuliers, des possibles rancoeurs ou encore d'une corruption réputée omniprésente.
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Les forces spéciales commandées par le lieutenant-colonel Doumbouya ont déposé le 5 septembre Alpha Condé, aujourd'hui retenu captif, en quelques heures, au prix présumé d'une dizaine ou une vingtaine de morts.
Sa chute a suscité des scènes de liesse chez des Guinéens exaspérés par la pauvreté, l'accaparement des revenus des vastes ressources minières, le clientélisme et la répression des libertés.
Condé, réélu pour un troisième mandat en octobre 2020 après des mois de contestation meurtrière, s'était enfermé dans un exercice de plus en plus solitaire et autoritaire d'une présidence à la légitimité abîmée, selon les analystes.
La junte a dissous le gouvernement et les institutions, aboli la Constitution, remplacé ministres, gouverneurs et préfets par des administrateurs et des militaires.
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Elle a libéré des dizaines de prisonniers d'opinion, supprimé des barrages dressés dans les quartiers favorables à l'opposition, s'est engagée à réprimer les exactions des forces de sécurité et a nommé une générale gouverneure de Conakry. Elle a promis de se garder de toute "chasse aux sorcières" politique.
Forts d'une espèce d'état de grâce, les militaires ouvrent la concertation qu'ils ont promise dès le lendemain du putsch "pour décrire les grandes lignes de la transition", qu'un futur "gouvernement d'union nationale" sera chargé de conduire.
Le lieutenant-colonel Doumbouya n'a rien dit jusqu'ici sur le possible contenu de cette transition, sa durée, quel rôle les militaires y joueraient, comment seraient organisées des élections et selon quelles règles.
La junte a appelé lundi soir les Guinéens à n'accorder "aucun crédit" à de prétendus projets de "charte" de transition que feraient circuler des "individus mal intentionnés". Elle a indiqué qu'une telle charte ne serait élaborée qu'à la fin de la concertation.
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Chez le voisin malien, les colonels qui avaient renversé en août 2020 le président réélu un an auparavant avaient rédigé une feuille de route et une charte, acte fondamental de la transition, et avaient dû s'engager sous la pression de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à une transition limitée à 18 mois et conduite par des civils.
Depuis, les colonels ont pris de force la présidence de la transition malienne, et la tenue des élections prévues en février 2022 est de plus en plus douteuse.
La communauté internationale, inquiète de la stabilité de la Guinée et d'une contagion des faits accomplis militaires, suit attentivement la concertation qui commence.
En visite lundi à Conakry, le représentant de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mahamat Saleh Annadif, a dit escompter une transition d'une "durée raisonnable", qu'il appartiendra aux Guinéens de déterminer.