Guinée: cinq mille nouveaux fonctionnaires pour pallier le déficit d'enseignants

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Le 01/02/2017 à 19h47

Pour parer au déficit d'enseignants qui a récemment suscité des remous dans le pays, le gouvernement guinéen vient de former et d'affecter quelque cinq mille nouveaux instituteurs et professeurs.

Cette affectation était attendue depuis quelques semaines. Mais elle a été précipitée par les manifestations d'élèves qui ont eu lieu à Conakry et dans d'autres villes du pays durant les deux précédentes semaines. Selon les décisions signées par le ministre de l'Enseignement pré-universitaire et de l'alphabétisation, Ibrahima Kourouma, il s'agit de 3.000 instituteurs et de 2.000 professeurs. Ils vont être répartis sur l'ensemble du territoire. Auparavant, lors du concours de recrutement des professeurs en août dernier, chaque candidat s'était engagé à servir partout où il serait affecté par le ministère de tutelle. " C'est surtout à l'intérieur du pays qu'on a un problème d'enseignants ", indique le ministre Ibrahima Kourouma.

Habitant de Conakry, Blaise Sonomou a voulu servir dans la capitale ou dans l'une de ses villes environnantes. Mais, il a été muté à Faranah, une région située à plus de 400 kilomètres de Conakry. " Je dois y aller, car je me suis déjà engagé à servir ma nation partout où besoin est ", se résigne-t-il.

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Mouctar Diallo, la trentaine, n'a jamais souhaité être affecté à Beyla, une préfecture située à près de 1 000 kilomètres de Conakry. Mais contrairement à Sonomou, Diallo n'arrive pas à se soumettre à la décision administrative. " Je n'ai pas encore décidé. Mais je pourrais ne pas y aller ", nous a-t-il confié.

"Ces effectifs sont appelés à servir en classe", a dû préciser le ministre Kourouma pour couper l'herbe sous les pieds de ceux qui font de l'éducation une porte d'entrée dans la fonction publique. En effet, il s'avère qu'en Guinée, la plupart des fonctionnaires du secteur éducatif finissent par se réorienter vers d'autres voies.

Le recrutement des nouveaux enseignants a entraîné durant le mois de janvier une vague de protestations à travers le pays. Deux mille candidats non admis au concours dénoncent "des magouilles" organisées par les ministères de l'Enseignement pré-universitaire et de la Fonction publique. "A ceux-ci, s'ajoutent plus de 1.000 enseignants contractuels qui dénoncent pour leur part une promesse non tenue du ministre de l'Enseignement. "Le ministre Kourouma avait bien promis de nous engager dans la fonction publique", accuse leur porte-parole Mohamed Bangoura. "Je ne suis pas le ministre de la Fonction publique pour promettre le recrutement de quelqu'un", a rétorqué le ministre Ibrahima Kourouma.

"Le gouvernement ne peut rien pour ces gens, ils n'ont qu'à attendre un autre concours de recrutement", a clairement indiqué le Premier ministre, Mamadi Youla.

Le gouvernement s'obstine, les enseignants contractuels ne baissent pas non plus les bras. "Nous irons jusqu'au bout! On ne peut pas nous utiliser durant huit ans pour nous abandonner au profit d'admis fictifs", réplique Mohamed Bangoura.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 01/02/2017 à 19h47