Signature imminente d'un contrat avec la société russe spécialisée dans la protection et la sécurité: à la suite d'une dépêche de l'agence Reuters, la presse malienne, voire africaine, en fait ses gros titres. Et il semble bien que l'information soit avérée au point que l'hebdomadaire français Jeune Afrique traite du sujet.
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"Selon une source sécuritaire travaillant dans la région, les mercenaires russes seraient chargés de former les Forces armées maliennes (FAMa) et d’assurer la protection de certains hauts dirigeants maliens, mission qu’effectue déjà le groupe Wagner en Centrafrique", écrivait l'agence Reuters qui avait parlé à quatre sources maliennes.
Les différentes sources précisent que la France est contre ce projet qui en est à sa dernière ligne droite, mais Paris fait tout pour qu'il n'aboutisse pas même si le document n'attendrait désormais que la signature d'Assimi Goïta, président de la Transition malienne et Sadio Camara, ministre de la Défense.
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Plus clairement Jeune Afrique écrit: "Depuis début septembre, un contrat est prêt à être signé entre l’État malien et une société militaire privée liée au groupe russe Wagner", prévoyant l'envoi d'un millier de "mercenaires dans le pays, en liaison avec l’armée malienne, et la protection de hautes personnalités".
La contrepartie de ce contrat fait cependant grincer des dents à Bamako, puisqu'il y est prévu la rondelette somme de 9,1 millions d'euros par mois, soit quelque 6 milliards de Fcfa. Mais, pour la presse malienne, notamment le site Bamada, l'accord prévoirait également trois concessions minières dont deux d'or et une de magnésium.
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Si aucune source ne confirme cette dernière information qui donnerait à ce contrat un caractère léonin, il y a lieu de noter que c'est bien ce qui a été fait entre Wagner et le gouvernement centrafricain.
La décision de recourir à des mercenaires russes pour renforcer la sécurité dans le pays ne daterait pas d'aujourd'hui, puisque depuis l'avènement des militaires au pouvoir l'idée chemine au sein du régime. D'après les informations recuillies par le360 Afrique, ce serait d'ailleurs l'une des raisons du départ du premier président de la Transition, Bah N'daw et de son Premier ministre, Moctar Ouane. En effet, c'est en partie parce que ces derniers n'étaient pas d'accord sur ce projet qu'ils ont finalement été écartés.
Jeune Afrique affirme toujours que "Depuis plusieurs mois, des envoyés du groupe Wagner se livraient à un intense lobbying auprès des autorités de la transition malienne, et en particulier de Sadio Camara, lequel s’était encore rendu en Russie en août dernier". Et d'ajouter que "si Bamako a déjà signé en 2019 un accord de défense avec la Russie, ce contrat est en revanche le premier liant les autorités maliennes à une société militaire privée d’obédience russe".
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Mais, pour Paris, l'arrivée des Russes signifie une perte d'influence dans cette partie du Sahel, même si, comme l'avait annoncé le président Emmanuel Macron, la France compte mettre fin à l'opération Barkane en redéployant ses troupes dans la nouvelle force européenne Takuba. En effet, en Centrafrique, dès que les Russes sont arrivés, il n'y avait plus de place pour les Français et, aujourd'hui, le pays a été sécurisé en grande partie grâce aux mercenaires de Wagner, même s'il reste beaucoup à faire.
Signe de l’inquiétude de Paris, le "Monsieur Afrique" du Quai d’Orsay, Christophe Bigot, s’est rendu le 8 septembre à Moscou pour un entretien avec Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé leur entrevue, selon l'agence Reuters.
Evidemment, au Mali, devant la persistance du djihadisme et l'insécurité dont les deux dernières victimes sont des chauffeurs marocains, l'opinion demande sans cesse que le gouvernement explore de nouvelles voies.
Ainsi, le porte-parole du ministère malien de la Défense a déclaré à la même agence de presse que "l’opinion publique malienne est favorable à une coopération accrue avec la Russie vu la situation sécuritaire", tout en assurant qu’"aucune décision n’a été prise sur la nature de cette coopération".