Abdoulaye Maïga a profité de la tribune des Nations unies pour répondre aussi bien au président de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Umaru Sissoco Embalo, qu’au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, mais aussi et surtout pour rendre aux autorités françaises la monnaie de leur pièce en les traitant de «junte».
Dans son discours, le colonel Abdoulaye Maïga s'en est pris violemment à Paris. Il a également ouvertement critiqué plusieurs responsables africains, comme le président nigérien Mohamed Bazoum, qu'il a accusé de «ne pas être nigérien», et le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara. A propose de ce dernier, Maïga a évoqué sa «manœuvre» permettant à un président de «conserver le pouvoir pour lui seul et son clan» en changeant la Constitution pour obtenir un troisième mandat.
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Le chef du gouvernement malien a également accusé le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la CEDEAO, de «mimétisme» des Nations unies. Des propos virulents qui se tiennent au moment où les autorités de Bamako se sont récemment détournées de la France et ont réactivé leurs liens avec Moscou pour tenter d'endiguer la propagation jihadiste qui ravage le pays.
Rappelons que cette 77ème session de l'AG de l'ONU se tient à un moment où le Mali est engagé dans un bras de fer diplomatique avec un autre voisin, la Côte d'Ivoire, dont 46 soldats de l'armée sont toujours emprisonnés à Bamako depuis début juillet.
Le discours du colonel Maïga, qui est plus allé dans le sens des invectives, des accusations que dans le sens d’un rapprochement, constitue aujourd’hui la nouvelle marque de fabrique des autorités maliennes, c’est-à-dire attaquer frontalement les adversaires, ne pas porter de gants.
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Pour certaines personnes interrogées par Le360 Afrique, ce discours va en droite ligne de la plainte du Mali au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies sur des allégations d’infractions commises par la France sur le territoire malien et qui mettent à mal la sureté nationale.
Ce type de discours peut engendrer deux choses, selon nos interlocuteurs: soit un isolement diplomatique, soit un rapprochement avec des partenaires qui ne partagent pas les points de vue des parties directement citées dans le discours. Certains pensent même que l'intervention de Maïga va plutôt isoler le Mali que créer les conditions pour un rapprochement avec les pays partenaires.
Par ailleurs, beaucoup de personnes interrogées soutiennent la position ferme des autorités maliennes quant au dossier des 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako.