Les victimes de la crise multidimensionnelle de 2012 s’impatientent

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Le 28/06/2016 à 17h38

La question sécuritaire semble éclipser l’autre pan important du processus de retour de la paix qu’est le volet justice et réconciliation. Les victimes de toutes les formes d’exactions depuis 2012 attendent encore que justice soit rendue. Elles ont exprimé leur impatience à l'Etat.

Le chemin de la réconciliation entre les Maliens est encore long, malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation. Entre un Etat qui cherche à tout prix à arranger la paix même au mépris du respect des droits humains et des victimes pressées de voir enfin leurs bourreaux répondre de leurs actes, ce n’est pas la grande confiance.Les seconds assoiffés de justice accusent naturellement les premiers de lenteur. «Nous déplorons une véritable lenteur dans les enquêtes et la gestion des dossiers», ont déclaré les victimes réunies au sein d’un bureau national des victimes de la crise malienne de 2012.Pour autant, l’Etat a-t-il, les mains libres pour juger tous les criminels ? Assurément non. La sortie de crise implique nécessaires, se défend la partie gouvernementale, des sacrifices visant à restaurer la confiance entre les deux parties.La libération de présumés terroristes et d’exactions contre les populations et la levée des mandats d’arrêt international contre les responsables des groupes auteurs d’exactions, de crimes, viols et autres, s’inscrivent dans ce sens. Autre raison de cette lenteur, c’est la situation sécuritaire très préoccupante sur le terrain qui complique davantage les choses.La création de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) dont la mission s’étend sur la période couvrant toutes les crises que le Mali a connu de l’indépendance à nos jours soit quatre rebellions (1968, 1990, 2006 et 2012) et trois coups d’Etat (1968, 1991, 2012) est considérée comme un pas important aux yeux des victimes dans leur quête de justice et de réparation.Cependant, cet instrument doté d’un budget de près de 10 milliards FCFA est encore à la phase de rencontres et de consultations. Toute chose qui justifie amplement l’impatience des victimes.A noter que la fédération internationale a déposé deux plaintes auprès des tribunaux maliens. La première introduite en novembre 2014, concerne 80 victimes de viols commis pendant l’invasion djihadistes et la seconde vise les auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012 qui ont froidement abattus une vingtaine de bérets rouge.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 28/06/2016 à 17h38