Les caniveaux très étroits et encrassés ne parviennent pas à absorber les torrents d'eau qui font déborder les marigots, nombreux dans ce quartier du sud de la capitale malienne bâti dans une cuvette.
Trois des 16 victimes décédées dans les inondations, provoquées par les fortes pluies qui se sont abattues jeudi à l'aube y habitaient.
Les rues boueuses sont envahies de tôles de toits arrachées, de tables, de chaises ou encore de morceaux de poupées démembrées, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ce vendredi, deux enfants pleurent dans les bras de leurs mères, tous désormais des "sans abris".
"Nous n'avons plus rien, la pluie a tout emporté. C'est vraiment Dieu qui nous a sauvé. Il fait des miracles, nous sommes un de ses miracles", dit Oumar Bagayoko, 45 ans, enseignant.
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A l'angle d'une rue, deux voitures emportées par les eaux sont accrochées au flanc d'un mur. Les propriétaires tentent avec des mécaniciens de récupérer leurs biens. "J'ai acheté la voiture à crédit, je n'ai même pas terminé de payer la totalité et voilà qu'elle est fortement accidentée", se lamente l'un des propriétaires, Georges Kana.
Changer les comportements
Le Mali, pays sahélien, connaît souvent des inondations meurtrières dues à de fortes pluies. Ces inondations résultent notamment du mauvais état de maisons souvent en pisé ou bâties dans le lit de marigots, selon des spécialistes.
"ll faut que nous changions de comportement. Il est évident que face à la force de la pluie, des maisons ne pouvaient pas résister. Il nous faut tenir compte de l'environnement", dit Adama Sangaré, le maire du district de Bamako, qui regroupe les six communes de la capitale, lors d'une visite de terrain.
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Il montre du doigt les dépôts d'ordures sauvages qui bouchent les canalisations et la construction d'habitations dans des zones inondables. Le maire a promis qu'une "prochaine réunion extraordinaire du conseil municipal" examinerait ces questions.
Près d'une école où se sont réfugiées une quinzaine de personnes ayant perdu leur maison, Maïmouna, une ménagère de 52 ans, fait chauffer une marmite pour préparer le repas. Un peu de riz, un peu de sauce. Le gouvernement a procédé vendredi à une distribution de vivres.
Le Premier ministre, Boubou Cissé, s'est rendu dans un autre quartier de Bamako, Daoudabougou.
Dérèglement climatique
Ces dernières années, le Mali a été régulièrement touché par des inondations - plus de 30 morts et des milliers de sans-abris en 2013, au moins cinq morts en 2015 et encore une quinzaine en 2016.
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Les pluies diluviennes pourraient se multiplier "abruptement" au Sahel avec le dérèglement climatique et la modification du régime de la mousson africaine, indiquait en juillet 2017 une étude scientifique.
Le centre du Mali, le Niger, le Tchad pourraient recevoir autant d'eau que le nord du Cameroun ou le centre du Nigeria aujourd'hui, qui se caractérisent par un climat tropical, selon cette étude publiée par la revue Earth System Dynamics.
Un peu plus loin, un mur a cédé sous la pression des eaux torrentielles. Hector, diplômé sans emploi, a le bas du pantalon encore relevé jusqu'aux genoux. "Moi, j'ai eu la vie sauve parce que je suis allé me mettre debout sur le toit d'une maison. J'étais réveillé au début de la pluie. Ça m'a sauvé la vie", explique-t-il. "Nous ne sommes pas en période pluvieuse, donc on ne s'attendait pas à ça."