Les pays du Maghreb connaissent tous une recrudescence des cas de Covid-19. Une situation qui résulte de l’ouverture des frontières par les pays de la région pour laisser rentrer les membres de leur diaspora et éventuellement des touristes afin de relancer leur secteur touristique, et qui a été aggravée par la circulation dans la région de presque tous les variants dont le britannique, le sud-africain, l'indien,.… Des variants beaucoup plus contagieux et qui affectent aussi de plus en plus de jeunes et même très jeunes, jusqu'alors globalement épargnés par la souche originelle.
Conséquence de cette recrudescence des cas, les hôpitaux dédiés au Covid-19 en Tunisie et en Algérie, pays en retard dans leurs campagnes de vaccination, sont saturés ou au bord de la saturation. La situation risque d’empirer durant les prochaines semaines à cause des préparatifs de l’Aïd al-Adha et son corollaire de déplacements en masse de population et de rassemblements familiaux.
Tunisie: durement touchée et hôpitaux saturés
La Tunisie est le pays le plus touché par cette nouvelle vague de contagion avec une hausse inédite de la moyenne des personnes quotidiennement contaminées. Lors de la journée du 11 juillet, 6.592 nouveaux cas positifs ont été enregistrés sur 19.227 tests de dépistage réalisés, soit un taux de positivité de 34,29%. Parallèlement, 144 décès ont été enregistrés.
Lire aussi : Tunisie: inquiétant, 10.000 nouveaux cas en une journée et des milliers d’enfants infectés par le Covid-19
La situation est si critique que les centres de réanimation et d’oxygène sont saturés. Selon les autorités sanitaires, malgré la mise en place d’hôpitaux de campagnes, 92% des lits de réanimation dans les hôpitaux publics restent actuellement occupés et ceux de la capitale sont saturés. De plus, le pays fait face à un déficit en oxygène inquiétant à cause d’une très forte hausse de la consommation. A titre d’exemple, à Kairouan, une des villes très touchées par la pandémie, la consommation d’oxygène est passée de 500 litres par jour avant le nouveau pic de la pandémie à 5.500 litres quotidiennement actuellement.
Au total, 497.613 cas ont été enregistrés depuis l’apparition de la pandémie en mars 2020 pour un total de 16.388 décès.
Concernant la vaccination, la Tunisie qui est le 3e pays le plus touché par la pandémie en Afrique est à la traine. Elle a reçu en tout 2,51 millions de doses dont 1,43 million de Pfizer/BioNtech, 699.994 Sinovac, 256.760 AstraZeneca et 119.989 de Spoutnik V. En tout, 2,29 millions de doses ont été administrées, soit un taux d’utilisation de 91%. A noter que la totalité des vaccins Pfizer/BioNTech a été administrée alors que les taux d’administration des vaccins Spoutnik V et Sinovac sont de respectivement 40% et 74%.
Lire aussi : Tunisie: le Covid-19 hors de contrôle, mais le gouvernement dit niet à un confinement général
Donc, 317.513 doses sont encore disponibles. La Tunisie va recevoir, ce lundi 12 juillet 2021, un don de 500.000 doses des Emirats arabes unis, selon un communiqué de la présidence.
En tout, 641.209 personnes ont été totalement vaccinées, soit à peine 5% de la population du pays alors que 1,53 million de personnes a reçu une dose, soit 12,42% de la population. Le pays doit accélérer sa campagne de vaccination contre le Covid-19 afin de freiner la pandémie et surtout atténuer la pression des malades sur les centres de réanimation et réduire le taux de létalité.
Algérie: chiffres loin de refléter la réalité de la crise sanitaire
L’Algérie fait, elle aussi, face à la hausse des contaminations. Lors de la journée du 11 juillet, 786 nouveaux cas ont été enregistrés ainsi que 12 décès, selon le ministère de la Santé.
Face à la hausse des contagions, le gouvernement a décidé un retour au confinement nocturne dans les 14 wilayas les plus touchées, l’interdiction à travers le territoire national de tout type de rassemblement de personnes (mariages, circoncision...), l’intensification des contrôles pour le respect des protocoles sanitaires (port du masque, distanciation physique…)
Lire aussi : Vidéo. Algérie: "les malades du Covid attendent dans les couloirs des hôpitaux", Tebboune prend trois mesures
Toutefois, tous les spécialistes s’accordent à dire que les données distillées quotidiennement par le ministère de la Santé algérien sont loin de refléter la réalité et tirent la sonnette d’alarme.
Depuis le déclenchement de la pandémie, l’Algérie a enregistré un total de 146.082 cas pour un total de 3.836 décès. Mais, de l’avis de tous, ces chiffres sont loin de refléter la réalité des contagions au Covid-19 du fait de la faiblesse des tests effectués et de la volonté des autorités de cacher la réalité des contagions.
Pour preuve, en dépit des chiffres de faibles cas de contagions annoncés quotidiennement, les hôpitaux et centres dédiés au Covid-19 sont presque tous saturés.
Lire aussi : Algérie. Covid-19: le port du masque devient une «obligation religieuse», édicte une fatwa
Concernant la vaccination, là aussi les autorités ne jouent pas la transparence, contrairement au Maroc et à la Tunisie. Selon certains membres du Comité en charge de la gestion de la pandémie, l’Algérie a reçu un total de 5 millions de doses, notamment des vaccins Spoutnik V, Sinopharm, AstraZeneca,… Toutefois, seulement 2,5 millions de doses ont été administrés, selon les autorités. Autrement dit seulement la moitié des doses reçues a été administrée.
Du fait de l’opacité qui entoure le Covid-19 et la campagne de vaccination, les autorités algériennes ne donnent pas de détails sur les personnes ayant reçu une dose et celles qui ont été totalement vaccinées.
«Ce qui me fait de la peine, c’est de voir des dizaines d’Algériens mourir pendant que des milliers de vaccins ne trouvent pas preneurs», a déploré le Dr Fawzi Derrar, directeur de l’Institut Pasteur Algérie.
Maroc: l’effet des vaccins à l’épreuve de la réouverture des frontière
A l’instar des autres pays du Maghreb, le Maroc aussi connaît une nouvelle vague de contagion au Covid-19 avec une recrudescence des cas, dans le sillage de la réouverture des vols vers. pays. Lors de la journée du 11 juillet, 1057 nouveaux cas ont été enregistrés. Toutefois, on note que le niveau des cas graves demeure contenus dans les unités hospitalières, contrairement à l'Algérie et encore plus à la Tunisie où les structures sanitaires sont dépassées.
Lire aussi : Le Maroc va rejoindre le cercle fermé des producteurs du vaccin anti-Covid-19
Une situation qui pourrait s’expliquer par les effets positifs de la vaccination en masse de la population marocaine. En effet, le Maroc est le pays qui a acquis le plus de vaccins anti-Covid-19 en Afrique. Le Royaume s’est positionné rapidement auprès des laboratoires pharmaceutiques bien avant la mise au point des vaccins et a participé aux tests de vaccins anti-Covid-19.
Grâce à cette politique anticipatrice, le Maroc a reçu jusqu’à présent autour de 20 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 dont essentiellement du Sinopharm et de l'AstraZeneca. Ayant une tradition en matière de vaccination, les autorités ont mis en place toute une logistique qui a permis de vacciner rapidement une partie importante de la population. Actuellement, toute les personnes âgées de plus de 40 ans qui souhaitaient se faire vacciner l’ont été.
Au total, 19,58 millions de doses ont été administrés au Maroc et 10,36 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccins anti-Covid-19 alors que 9,22 millions ont été complètement vaccinés. Autrement dit, au moins 28% de la population marocaine a déjà reçu au moins une dose.
Lire aussi : Échanges sur la gestion de la pandémie du Covid-19 dans l’espace francophone: l’expérience marocaine à l’honneur
Hormis les Seychelles, un archipel de 95.000 habitants, c’est de loin le pays africains ayant le plus vacciné sa population.
Depuis l’apparition de la pandémie, le pays a enregistré un cumul de 542.462 cas dont 524.826 guérisons, 8.267 cas encore actifs et 9.369 décès.
Face à la recrudescence de la pandémie à cause des variants et de la réouverture des frontières, la vaccination demeure le principal facteur à même de freiner la propagation du virus ou du moins à atténuer sa gravité et -donc de réduire son taux de létalité. Malheureusement, à cause de l’absence de vaccins, des politiques de communication mal pensées et du manque de transparence, les campagnes de vaccination n’arrivent pas à décoller en Tunisie et en Algérie.