«Travel & Tourism Competitiveness Report 2019», le rapport que vient de publier, cette année, le World Economic Forum de Davos sur la compétitivité du secteur touristique, est un outil de référence stratégique pour les décideurs, les entreprises et les acteurs du secteur du tourisme et des voyages.
Il permet aux responsables politiques d’avoir une idée claire des lacunes et des opportunités du secteur touristique et de stimuler sa compétitivité, tout en préservant les atouts touristique, naturel et culturel, dont dépend cette industrie.
Véritable plateforme de dialogue multipartite, ce rapport permet aussi de comprendre et d'anticiper les tendances et les risques émergents dans le tourisme mondial, afin que chaque destination adapte ses politiques, ses pratiques et ses décisions d’investissement pour accélérer la mise en place de nouveaux modèles, à même de garantir et de développer ce secteur stratégique.
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Pour cette édition, 140 pays ont été passés au crible, dont 38 pays africains. Ces pays sont classés selon leur degré de compétitivité grâce à un indice établi par les auteur de ce rapport: le Travel & Tourism Competitiveness Index (TTCI).
Cet indice de compétitivité des voyages et du tourisme, publié tous les deux ans, mesure l’ensemble des facteurs et des politiques permettant le développement durable du secteur des voyages et du tourisme.
La compétitivité des pays est analysée sur la base de 14 critères: environnement des affaires, santé & hygiène, sécurité, environnement durable, ouverture à l’international, ressources humaines & marché du travail, infrastructures routières et portuaires, infrastructures aéroportuaires, priorisation du secteur des voyages et du tourisme, infrastructures des services touristiques, ressources naturelles, richesses culturelles & business de voyages, compétitivité prix et infrastructures en technologie de l’information et en communication.
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Chacun de ces critères est composé d’une batterie de sous-indicateurs. Au final, ce sont en tout 90 sous-indicateurs qui sont analysés pour chacun de ces pays.
Tous ces facteurs permettent le développement durable du secteur des voyages et du tourisme et contribuent au développement et à la compétitivité d’un pays.
Pour chaque critère est attribué une note comprise entre 1 et 7 points, 1 point étant la plus mauvaise note et 7, la meilleure note possible.
Au niveau africain, le Top des pays les plus compétitifs au niveau du tourisme & voyage dans le classement du World economic forum de Davos sont l'île Maurice (54e mondial), l'Afrique du Sud (61e), les îles Seychelles (62e), l'Egypte (65e) et le Maroc (66e).
1er Maurice : politique touristique, santé et sécurité comme forces
L'île Maurice vient ainsi cette année de supplanter l’Afrique du Sud dans ce classement mondial, en occupant le 54e rang, et surtout en lui "chipant" le premier rang au niveau africain.
Ce rang, Maurice le doit à ses performances au niveau des critères de priorisation du secteur des voyages et du tourisme (6,1 points sur 7 points maximum), la sécurité (5,8 points), la santé & l'hygiène (5,6 points), l’environnement des affaires (5,4 points) et ses infrastructures des services touristiques (5,0 points).
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Le pays le plus compétitif du continent, touristiquement parlant, affiche toutefois des faiblesses notables au niveau des critères relatifs aux infrastructures de transport aérien (3,2 points), l’existence de ressources naturelles (2,4 points) et surtout en matière de ressources culturelles et en business de voyage (1,3 point).
2e Afrique du Sud: recul à cause surtout de l’insécurité
L’Afrique du Sud perd donc la première place africaine du pays le plus compétitif en matière de tourisme et voyage. Désormais, elle se classe au 61e rang mondial (le pays était au 53e rang lors du classement de 2017) et se calsse second pays africain, derrière Maurice.
Le pays arc-en-ciel a tout de même pu se maintenir, notamment grâce à sa compétitivité et le prix de son offre produit (5,6 points/7), son environnement des affaires (4,6 points), ses ressources naturelles importantes (4,5 points) et la priorisation du secteur des voyages et du tourisme (4,5 points).
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L'Afrique du Sud affiche toutefois des faiblesses notables en ce qui concerne son ouverture à l’international (2,5 points), ses ressources culturelles et business de voyage (3,2 points), sa santé & son hygiène (3,7 points) et bien évidemment sa sécurité (3,9 points).
La sécurité est en effet un gros problème pour l’Afrique du Sud. Avec un score de 3,9 points, le pays se positionne au 132e rang mondial, sur 140 pays passé au crible. Une position qui décourage plus d’un touriste à venir admirer les merveilles du pays.
3e Seychelles: dans le Top malgré la faiblesses des ressources naturelles
Les îles Seychelles ont, de leur côté, fait une bonne percée dans le Travel & Tourism Competitiveness Index (TTCI) en se positionnant au 62e rang mondial et 3e africain derrière Maurice et Afrique du Sud.
Les Seychelles doivent cette position grâce à leurs performances au niveau des critères de priorisation du secteur des voyages et du tourisme (5,9 points), la santé & l'hygiène (5,4 points), la sécurité (5,2 points), les ressources humaines et le marché du travail (5,0 points) ainsi que les infrastructures des services touristiques (5,4 points).
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Pour autant, le nouveau venu du Top 5 compte quelques faiblesses, notamment en ce qui concerne les critères d’ouverture sur l’international (2,7 points), les ressources naturelles (2,6 points) et les ressources culturelles et le business de voyage (1,0 points).
4e Egypte: la compétitivité-prix comme force
L’Egypte a quant à elle fait un bond de 10 places pour occuper le 65e rang mondial en matière de compétitivité touristique (74e en 2017), tout en conservant son 4e rang africain.
Première destination touristique du continent africain avant le Printemps arabe, l'Egypte retrouve petit à petit le rang qui était le sien en tablant sur son point fort: la compétitivité-prix de son offre touristique avec un score qui s’est amélioré à 6,5 points, pour un maximum de 7 points., se classant au 3e rang mondial.
Le pays table aussi sur la priorisation, qu'il a décidée, du secteur des voyages et du tourisme (5,2 points), la santé & l'hygiène (5,0 points), la sécurité (4,8 points) et l'environnement durable (4,7 points).
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C'est bien entendu la sécurité le véritable talon d’Achille du tourisme égyptien. Au cours de ces dernières années, le pays a toutefois enregistré des améliorations considérables et a fortement contribué au retour des touristes, dont le nombre est passé de 5 millions en 2016 à plus de 11,35 millions de visiteurs en 2018.
L'Egypte est certes encore très loin des 15 millions de touristes enregistrés en 2010, mais les gains en compétitivité gagnés au cours de ces dernières années devraient encore rapprocher la destination de son rang de leader africain du tourisme.
Ces bonnes performances sont atténuées par les faibles scores enregistrés en matière d’infrastructures aéroportuaires (3,3 points), d’infrastructures de services touristiques (3,2 points), ressources naturelles (3 points) et ouverture à l’international (2,2 points).
5e Maroc: la sécurité, dans le Top 20 mondial
Quant au Maroc, malgré sa position de première destination de touristes en Afrique au cours de ces dernières années, le pays vient de rétrocéder à l'Egypte le 65e rang en matière de compétitivité touristique qui était le sien.
Le Maroc occupe donc désormais cette année le 66e rang mondial et le 5e rang au niveau africain (contre la 3e place africaine lors du précédent classement de 2018).
Le Royaume doit le quasi-maintien de son rang à ses performances au niveau des critères de sécurité (6 points) pour lequel le royaume se classe dans le Top 20 mondial, la compétitivité-prix (5,6 points), la priorisation du secteur des voyages et tourisme (5,2 points) et l'environnement des affaires (4,9 points).
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La compétitivité du tourisme marocain est toutefois handicapée par un certain nombre de facteurs dont les infrastructures du transport aérien (3,2 points), l’ouverture sur l’international (3,1 points), les ressources naturelles (3,1 points) et les ressources culturelles et le business de voyages (2,2 points).
Enfin, au niveau mondial, ce classement du forum de Davos est dominé par l’Espagne, suivie de la France, de l’Allemagne, du Japon et des Etats-Unis.