Industrie aéronautique: l’Afrique s’intègre à la chaîne aéronautique mondiale

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Le 24/07/2016 à 20h12, mis à jour le 24/07/2016 à 20h26

L'industrie aéronautique se développe petit à petit sur le continent. L’Afrique du Sud, longtemps seul acteur africain du secteur, le Maroc et la Tunisie, bénéficiant de la proximité du marché européen et des coûts salariaux globalement bas, s'affirment comme des acteurs de la chaîne aéronautique.

Le continent africain ne figure que marginalement dans cette industrie d’élite. Toutefois, trois pays du continent s’intègrent dans cette industrie aéronautique mondiale, à des degrés divers. Et de plus en plus de composants d'avions sont fabriqués ou assemblés au niveau du continent.

Si l’Afrique du Sud a été pendant longtemps l’unique acteur africain du secteur, depuis un peu plus d’une décennie, le Maroc et la Tunisie s’affirment comme des destinations de choix des opérateurs de l’aéronautique mondiale en attirant les leaders du marché : Airbus, Boeing, Bombardier, Thalès, Safran, etc.

L’Afrique du Sud reste le précurseur dans le domaine et a été longtemps le seul pays du continent à contribuer activement à la sphère aéronautique internationale. Le pays dispose d'industries, d'infrastructures et des compétences, développées dans le sillage de son industrie d’armement, qui en font un acteur et partenaire des grands constructeurs aéronautiques que sont Boeing et Airbus. Ainsi, grâce à la sous-traitance auprès des constructeurs et aux programmes de recherche et développement locaux, les entreprises sud-africaines se sont intégrées dans la chaîne aéronautique mondiale.

L’Afrique du Sud, un précurseur

L’Afrique du Sud compte deux acteurs majeurs : Denel, le plus grand fabricant d’équipements de défense en Afrique du Sud opérant dans le secteur militaire et aérospatial, et Aerosud, présent dans l’ingénierie de l’aviation civile et militaire. A côté de ces deux acteurs de référence on recense plus de 200 entreprises qui gravitent autour des leaders du marché en tant que sous-traitants, fournisseurs, etc.

Aerosud est fournisseurs de Boeing, Airbus, Safran, Spirit aerosystems, etc. Elle fabrique diverses pièces pour les appareils Airbus et Boeing : boitiers, racks avioniques, pièces en tôles pour les ailes, pièces sous forme de vide plastique, des composites, la conception intérieure, etc. L’Afrique du Sud constitue aussi une importante plateforme de maintenance des avions des compagnies aériennes de nombreux pays du continent.

En 2014, la production brute du secteur aéronautique industriel sud-africain ressortait à 42,1 milliards de rands, soit environ 3 milliards d’euros. Selon les estimations, celle-ci devrait atteindre 108,4 milliards de rands, soit 7,5 milliards d’euros, en 2023.

Si l’Afrique du Sud n’a pas de concurrents au niveau de sa région, le Maroc et la Tunisie se livrent une concurrence intense pour attirer les acteurs du secteur à la recherche des coûts plus bas et deviennent par la même occasion des concurrents sérieux pour les constructeurs sud-africains du secteur.

Maroc: une industrie qui monte

Au Maroc, cela fait un peu plus qu’une décennie que le secteur figure dans les tablettes de l’Etat marocain et bénéficie d’une attention particulière des autorités. Le pays a ainsi développé une plateforme aéronautique et spatiale de qualité, dans des conditions compétitives, faisant du Maroc une destination de choix pour les acteurs de la filière aéronautique.

L’industrie aéronautique marocaine couvre une palette de métiers, dont la production et assemblage de pièces, d’équipement et de systèmes, câblage électronique, traitement de surface et chaudronnerie, usinage et mécanique de précision, maintenance des moteurs, etc.

Aujourd’hui, une centaine d’opérateurs de la filière ont choisi le Maroc, dont des majors : Boeing, Airbus, Safran, Bombardier, aéro-câblage, Zodiac aerospace, Daher, Souriau, Stélia, Eaton, Alcoa, etc.

Ces implantations ont été facilitées par un environnement favorable, la proximité géographique, des incitations accordées aux acteurs qui s’implantent, des ressources humaines de qualité, etc. A titre d’illustration, et afin d’accompagner le développement du secteur, un Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) a été mis en place pour assurer la formation et le perfectionnement technique en aéronautique, résorbant ainsi la problématique de ressources humaines de qualité.

Grâce aux implantations de nouveaux acteurs et aux soutiens accordées par l’Etat, le secteur de l’aéronautique marocain a maintenu ces dernières années une croissance régulière de 15% par an et compte plus de 12.000 salariés qualifiés.

Erigé en secteur stratégique, il réalise plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires à l’export, l’objectif étant d’atteindre 2,5 milliards de dollars à l’horizon 2020 pour 35.000 salariés. Le secteur pèse actuellement entre 4,5 et 5% des exportations, contre 0,5% il y a 10 ans.

Tunisie: développement de niches

A l’instar du Maroc, la Tunisie aussi développe son secteur aéronautique. Alors qu’il ne comptait que 7 sociétés en 2007, on y dénombre aujourd'hui plus de 50 entreprises pour plus de 10.000 salariés.

Les entreprises interviennent dans divers domaines, dont la mécanique de précision, câblage, assemblage et chaudronnerie, tôlerie et traitement de surface, usinage de haute précision, composants électroniques, faisceaux de câbles, assemblage, maintenance, logiciels informatiques, etc. Ces délocalisations sont favorisées, à l’instar du Maroc, par les coûts salariés plus bas qu’en Europe. Ainsi en Tunisie, les ingénieurs et autres techniciens qualifiés coûtent de 4 à 6 fois moins cher qu’en France.

Parmi les acteurs présents sur le marché tunisien figurent Airbus, Latécoère, Zodiac Aerospace, Aerolia, Alcen, Safran, Thalès, Sea Latelec, Eurocast, Cofitel, MAT, etc.

Le secteur de l’aéronautique tunisien bénéfice des avantages accordés par l’Etat pour attirer les opérateurs étrangers du secteur, de plateformes dédiées et de la formation des ressources humaines aux métiers de l’industrie aéronautique grâce à un Institut des métiers de l’aéronautique.

Il faut aussi souligner que la Tunisie s’est trouvé aussi une niche dans le secteur de l’aéronautique mondiale avec la construction de petits avions. C’est le cas d’Avionav basée à Sousse qui construit et exporte des avions de 2 à 4 places et Evada Aircraft qui fabrique des avions amphibies.

Enfin, en plus des trois acteurs, il y a aussi l’Ethiopie qui annonce son ambition de devenir un acteur du secteur aéronautique industriel. Fort de sa position de leader du transport aérien au niveau du continent, Ethiopian Airlines a établi une joint-venture avec le sud-africain Aerosud, acteur majeur du secteur au niveau du continent et partenaire des grands constructeurs, afin de développer une industrie aérospatiale. Cette unité sera localisée dans les environs de l’aéroport international de Bole à Addis Abéba.

Par Moussa Diop
Le 24/07/2016 à 20h12, mis à jour le 24/07/2016 à 20h26