Ukraine: l’Union africaine réagit face aux discriminations touchant les Africains fuyant la guerre

Macky Sall, président du Sénégal et de l'Union africaine.

Macky Sall, président du Sénégal et de l'Union africaine.. DR

Le 01/03/2022 à 16h14, mis à jour le 01/03/2022 à 16h20

Les comportements des policiers ukrainiens et des gardes frontaliers polonais à l'égard des Africains fuyant la guerre a suscité l’indignation et l’Union africaine demande aux pays européens de respecter le droit international, sans tenir compte des identités raciales des personnes en détresse.

Les images de plusieurs ressortissants africains bloqués en Ukraine par les forces de l’ordre et les militaires, les empêchant de monter dans les bus et les trains devant les acheminer vers les frontières des pays limitrophes -Pologne, Roumanie, Hongrie et Slovaquie-, ainsi que le refus des gardes frontaliers de ces pays de laisser ceux qui ont pu accéder aux frontières de les traverser, ont fait le tour du monde grâce aux réseaux sociaux, même si les chaînes de TV occidentales ont préféré ignorer ces graves cas de violation des droits humains en période de guerre.

Une situation qui a suscité l’indignation des Africains et qui a poussé les autorités de nombreux pays à réagir pour demander aux autorités des pays frontaliers d’éviter les discriminations à l’égard des ressortissants du continent.

Face à cette indignation, l’Union africaine a réagi par la voix de son président et de celui du président de la Commission africaine. «Le président en exercice de l’Union africaine et président de la république du Sénégal, SE Macky Sall, et le président de la Commission de l’Union africaine, SE Moussa Faki Mahamat, suivent de près l’évolution de la situation en Ukraine et sont particulièrement préoccupés par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains, se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité», souligne un communiqué de l’institution panafricaine.

Selon l’Union africaine, «les rapports selon lesquels les Africains sont l’objet d’un traitement différent inacceptable seraient choquants et racistes et violeraient le droit international. A cet égard, les présidents exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale».

Les dirigeants de l’institution panafricaine rejoignent ainsi les nombreux internautes qui ont dénoncé ces actes racistes. «Désormais, la Pologne accueille les Ukrainiens avec leurs animaux, mais elle refuse toujours aux étudiants africains bloqués en Ukraine de traverser sa frontière. Cette décision est raciste et inhumaine. Bizarrement, les médias n’en parlent pas», a ainsi tweeté Touré Gualadjo.

Ainsi, «les deux présidents rappellent que toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit et, à ce titre, devrait bénéficier des mêmes droits de traverser la frontière pour se mettre à l’abri du conflit en Ukraine».

Signalons que face au tollé suscité par cette discrimination à l’encontre des Africains vivant en Ukraine et qui souhaitent fuir les bombardements, les autorités des pays frontaliers ont fini par adoucir leurs positions en laissant ces ressortissants, majoritairement d’étudiants à quitter l’Ukraine et ce, grâce notamment aux diplomates du continent dans ces pays qui n’ont pas hésité à monter au créneau pour dénoncer cette discrimination. Ainsi, l’ambassadeur sud-africain en Pologne qui s’est déplacé au poste frontalier pour aider ses compatriotes à franchir la frontière polonaise n’a pas hésité à déclarer que les Africains y étaient victimes de «mauvais traitements».

D’ailleurs, «les présidents saluent l’extraordinaire mobilisation des Etats membres de l’UA et de leurs ambassades dans les pays voisins pour accueillir et orienter les citoyens Africains et leurs familles qui tiennent à traverser la frontière de l’Ukraine pour se mettre en sécurité».

Grâce aux internautes et aux réactions des autorités, les ambassadeurs des pays africains accrédités dans les pays frontaliers de l’Ukraine ont fini par pousser les autorités de ces pays (Pologne, Roumanie, Slovaquie et Hongrie) à autoriser l’entrée des ressortissants africains sur leurs territoires, le temps que leurs pays d'origine procèdent à leur évacuation.

Rappelons que l’Ukraine accueille plus de 75.000 étudiants étrangers majoritairement africains parmi lesquels 8.000 étudiants marocains, 4.000 nigérians, 3.000 égyptiens... Cela sans compter les autres ressortissants du continent installés et résidant dans ce pays. A titre d’exemple, on compte un total de 12.000 Marocains en Ukraine dont deux-tiers d’étudiants

Par Moussa Diop
Le 01/03/2022 à 16h14, mis à jour le 01/03/2022 à 16h20