Coronavirus: l’OMT estime les pertes touristiques entre 30 et 50 milliards de dollars

DR

Le 11/03/2020 à 16h01, mis à jour le 12/03/2020 à 14h29

Le secteur du tourisme sera l’un des plus affectés par le coronavirus. Les pays se barricadent et les voyages se réduisent fortement et en conséquence, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les pertes touristiques devraient se situer entre 30 et 50 milliards de dollars.

Arrêts des liaisons aériennes et annulations en cascade de séjours touristiques par les Tours opérateurs et particuliers se multiplient et affectent durement le tourisme mondial.

Partout dans le monde, les professionnels du secteur touristique tirent la sonnette d’alarme et s’inquiètent des impacts négatifs du coronavirus sur leur profession. Partout dans le monde, les voyagistes, les hôteliers, les restaurateurs ainsi que l'ensemble des métiers de la chaîne de valeur du tourisme, se retrouvent aux abois. 

Les annulations en cascade des voyages à cause du coronavirus et les restrictions aux voyages imposés par certains Etats, malgré le fait que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) continue à déconseiller les restrictions de voyage et de commerce dans les pays touchés, vont lourdement impacter les activités des professionnels du secteur touristique.

Ainsi, selon les premières estimations de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), l’épidémie va avoir un impact sur les arrivées de touristes internationaux en 2020. Alors que l’institution onusienne tablait sur une croissance du tourisme mondial autour de 3 à 4% avant le déclenchement de l'épidémie de coronavirus en Chine, désormais, elle table sur une décroissance de l'ordre de 1 à 3% au titre de 2020. 

Et selon les estimations de l’OMT, l’Asie, foyer de cette nouvelle épidémie, sera la région la plus affectée avec des arrivées en baisse de 9 à 12%.

Pour les autres régions, l’organisation onusienne estime que les estimations sont prématurées, compte tenu de l’évolution rapide de la situation.

Et du fait de l’ampleur de l’épidémie, c’est toute la chaîne de valeur du tourisme mondial qui est affectée. Le transport aérien et de croisière, le transport de voyageurs, les agences de voyages, les Tours-opérateurs, les établissements d’hébergement, les restaurateurs, les centres de loisirs, les commerces de souvenirs, etc.

En outre, l’OMT estime que les pertes occasionnées par le coronavirus devraient se chiffrer entre 30 et 50 milliards de dollars.

Toutefois, l’organisation reconnaît elle-même que ces estimations doivent être prises avec beaucoup de prudence et sont susceptibles d’être réactualisées, suivant l'évolution de la situation.

En effet, la Chine, qui est devenue le plus grand émetteur de touristes au monde, a interdit la commercialisation des voyages et a appelé à annuler ceux déjà réservés au delà du 27 janvier dernier.

Et sachant que les touristes chinois ont dépensé près de 118 milliards d’euros à l’étranger en 2018, tout continents confondus, on comprend logiquement que l’impact du coronavirus sur le tourisme mondial sera beaucoup plus important.

A l’heure actuelle, il est certain que l’impact sera beaucoup plus important si l’épidémie perdurait durant tout le premier semestre de l’année en cours.

En Afrique, l’impact du coronavirus se fait déjà sentir au niveau du secteur du tourisme. Bien que le continent ne pèse qu’environ 6% des arrivées de touristes du monde, les annulations se multiplient au niveau des principaux pays touristiques du continent: le Maroc, l'Egypte, la Tunisie et l'Afrique du Sud.

En attendant les données touristiques du premier trimestre qui seront disponibles à partir d’avril prochain, certains professionnels affichent déjà grise mine.

C’est le cas des opérateurs touristiques d’Afrique du Nord et d’Egypte, qui sont les principaux bénéficiaires des flux touristiques à destination de l’Afrique, et qui sont fortement liés aux marchés émetteurs d’Europe du sud: la France, l'Espagne et l'Italie, lourdement touchés par le coronavirus.

En 2019, le Maroc et l’Egypte avaient attiré chacun 13 millions de touristes, alors que la Tunisie en avait accueilli 9,4 millions.

Les trois pays affichaient de bonnes perspectives touristiques pour 2020. Désormais, l’heure est à la limitation des dégâts. 

Les annulations de meetings et autres manifestations se multiplient, ainsi que les décisions prises par les autorités de ces pays pour limiter les rassemblements de personnes, afin de diminuer les sources de contagion. Une situation qui touche particulièrement les destinations touristiques des trois pays.

Ainsi, au Maroc, les hôteliers de Marrakech et Casablanca commencent à sentir durement les effets de l’épidémie.

Il faut dire que la France et l’Espagne, durement touchées, sont les deux premiers émetteurs de touristes vers le Maroc.

Et la situation se corse, au fur et à mesure que le nombre de cas enregistré dans les pays de la région augmente.

L'Egypte doit de son côté faire face aux restrictions de voyages imposées par les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Koweit, Qatar, etc.) à leurs ressortissants vers les pays où des cas de coronavirus sont enregistrés. Or, ce pays est le premier pays du continent a avoir enregistré un cas de coronavirus sur son sol, et compte actuellement plus de la moitié des cas recensés en Afrique.

En conséquence, si la situation perdure quelques mois encore, voire même quelques semaines, certains hôteliers se retrouveront dans l’obligation de mettre une partie de leur personnel en situation de chômage technique, faute de clients.

En outre, de nombreuses Très petites et moyennes entreprises (TPE et PME) du secteur du tourisme, beaucoup plus vulnérables, étant donné leur taille, risquent de disparaître au cas où l’épidémie ne serait pas rapidement circonscrite.

En attendant, l’OMT appelle à un soutien financier et politique aux mesures de relance visant le tourisme dans les économies touchées, des mesures que les professionnels du secteur au niveau des pays africains ne cessent de demander.

Avec cette épidémie mondiale de coronavirus, ce sont des pans entiers des économies de la planète qui sont affectés, et les pays africains auront du mal à faire face à cette crise, dont on craint qu’elle entraîne l’économie mondiale dans une récession.

Par Moussa Diop
Le 11/03/2020 à 16h01, mis à jour le 12/03/2020 à 14h29