Mauritanie: l’UE continue à suivre la situation des militants antiesclavagistes détenus

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Le 01/12/2016 à 18h12

L’Union européenne continue à mettre la pression sur le gouvernement mauritanien sur le dossier des militants antiesclavagistes. La sortie de la délégation de l’UE intervient après que le parquet a fait appel de la libération d’un certain nombre de militants qui étaient condamnés à de lourdes peines

La délégation de l’Union européenne (UE) et toutes les missions diplomatiques européennes à Nouakchott «continuent à suivre avec attention» l’évolution des dossiers des militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) encore détenus en Mauritanie. C’est ce qui ressort en substance d’une déclaration rendue publique mercredi soir par la représentation diplomatique de la délégation.

Avec cette sortie, l’UE met encore la pression sur le gouvernement mauritanien. Une sortie qui intervient après que le parquet général s’est pourvu en cassation contre la libération de plusieurs militants antiesclavagistes suite aux décisions pises par la Cour d’appel de Nouadhibou. C’est ce qui explique la réaction de l’UE à travers laquelle elle affirme notamment: «Nous sommes encouragés par la décision de la cour d’appel de Nouadhibou du 18 novembre 2016, qui est de nature à favoriser un climat politique serein».

Mais au-delà, l’UE réitère «son attachement à l’Etat de droit, au respect des droits de l’homme» et renouvelle «son soutien au rôle des défenseurs des droits humains».

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Pendant le procès devant la cour criminelle et en appel, les débats ont été dominés par des dénonciations de tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants sur les militants antiesclavagistes.

Cependant, la justice s’est déclarée «incompétente» à statuer sur ces cas, malgré l’existence en Mauritanie d’un mécanisme interne de prévention de la torture et la ratification par la Mauritanie de la convention internationale contre cette infraction qualifiée de crime contre l’humanité.

Pour rappel, ces militants ont été arrêtés suite à des incidents enregistrés le 29 juin dernier, dans le cadre d’une opération de déguerpissement d’un bidonville de la commune du Ksar (Nouakchott) qui a tourné à des affrontements entre forces de l’ordre et squatters, tous issus de la composante des haratines.

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Ces échauffourées ont entraîné, par la suite, l’arrestation de plusieurs individus parmi lesquels 13 responsables et militants de l’IRA, qui n’étaient pas présents sur les lieux d’affrontement, ainsi que les membres du groupe de squatters.

Ils ont été condamnés à de lourdes peines allant de 3 à 15 ans de réclusion par une cour criminelle, dans un arrêt rendu le 18 août dernier. Toutefois, la Cour d’appel de Nouadhibou, siégeant en audience foraine à Zouerate (600 kilomètres au Nord de Nouakchott), a réformé la décision de la juridiction de première instance ramenant la peine maximale à 3 années d’emprisonnement, avec le bénéfice du sursis pour tous les condamnés, dont le plus grand nombre a retrouvé la liberté. Cependant, Abdallah Abou Diop (1 an de prison avec 6 mois fermes), Moussa Ould Biram (3 ans de prison dont 2 ans fermes) et Abdallahi Maatalla Seck dit Vieux (3 ans d’emprisonnement dont 2 fermes) sont restés en détention.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 01/12/2016 à 18h12