«La Mauritanie sait pouvoir compter sur vous, chers frères, chefs d’Etat et de gouvernement pour parachever notre accord d’association», a déclaré le président Mohamed Ould Abdel Aziz, hier samedi à Abuja, lors de la 52e session ordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Invité par le président de la CEDEAO, Faure Gnasingbé du Togo, il a tenu, par la même occasion, à rappeler que «la Mauritanie et les pays de la CEDEAO sont liés par la géographie et par des liens humains indéfectibles. C’est pourquoi nous-nous sommes engagés résolument, en Mauritanie, à favoriser la création d’un cadre efficace d’échange et de partenariat avec la CEDEAO».
En clair, après avoir quitté l’organisation sous-régionale dont il est membre fondateur au profit de l’Union du Maghreb arabe, qui n’a jamais existé que sur le papier, la Mauritanie tente de renouer avec les pays de l’Afrique de l’Ouest.
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Toutefois, contrairement au Maroc qui cherche à adhérer intégralement à cette communauté, la Mauritanie négocie depuis quelques années un accord d’association avec la CEDEAO
Reste que les chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis à Monrovia (Liberia) le 4 juin 2017, avaient demandé à la Mauritanie de faire son retour au sein de l’institution régionale dont elle est membre fondateur avant, finalement, d’accepter de valider un accord d’association pour la libre circulation des personnes et des biens le 10 août dernier, en marge du sommet Etats-Unis-Afrique à Lomé (Togo), après avoir signé un accord dans ce sens en mai dernier.
Dans cette optique, le président mauritanien a souligné que son «pays s’est préparé à cette perspective à travers notamment la transformation de son économie nationale, le développement des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, l’amélioration sensible de la production de l’énergie en plus de la création d’une zone franche dans notre capitale économique, Nouadhibou».
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Ainsi, à défaut d’un retour intégral au sein de la famille CEDEAO, l’accord d’association va permettre, une fois l’adhésion du Maroc actée lors de la prochaine session extraordinaire de la CEDEAO au début de l’année prochaine, d’entrevoir une zone de libre-échange regroupant le Maroc, la Mauritanie et les pays de la CEDEAO.
A noter que l’accord d’association est plus ambitieux que celui du libre-échange, en ce sens qu’il embrasse plusieurs domaines: politique, économique et social, avec notamment la libre circulation des personnes et des biens, la liberté d’établissement et d’investissement, etc.
Pour y arriver, la Mauritanie est tenue d'appliquer une feuille de route dont particulièrement la migration du tarif extérieur de la Mauritanie vers le tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO dans le cadre d’une harmonisation de la législation douanière.
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Avec l’accord d’association, la Mauritanie, peuplée d’à peine 4 millions d’habitants, se voit ’ouvrir un marché de plus de 340 millions de consommateurs pour un PIB global de 740 milliards de dollars.
Rappelons que la Mauritanie fut membre fondateur de la CEDEAO en 1975 avant de quitter l’organisation en 2000 pour se consacrer à la construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) durant une période où le pays était secoué par une crise identitaire.
Malheureusement, l’UMA n’a jamais connu les avancées escomptées. Celle-ci traverse une léthargie depuis sa création, poussant ses membres (Maroc, Mauritanie et Tunisie) à chercher à s’ancrer à la CEDEAO, l’organisation régionale la mieux aboutie du continent.