Mauritanie: les députés de l'opposition font bloc contre un 3e mandat pour Abdel Aziz

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Le 14/01/2019 à 16h45, mis à jour le 14/01/2019 à 16h52

Les différents groupes parlementaires de l'opposition mauritanienne condamnent vivement l'initiative de certains députés de la majorité, visant à toucher aux dispositions protégées de la constitution mauritanienne, en vue de d'accorder un troisième mandat au président Mohamed ould Abdel Aziz.

Relancée le week-end dernier par un groupe de plusieurs dizaines de députés issus des rangs de l’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité, et ses alliés, l’initiative d’une proposition de loi visant à permettre au président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz, de se mettre sur la ligne de départ pour l’élection de 2019, à la faveur d'un troisième mandat, suscite un torrent de réactions et d’énormes vagues de critiques. 

Toutefois, plusieurs sources concordantes font état du recul de ces initiateurs, «suite à des pressions venues d’en haut».

Parmi ces vives réactions de l'opposition, cette déclaration de trois groupes parlementaires, lesquels expriment leur rejet catégorique d’une proposition d’amendement à la loi fondamentale mauritanienne, promulguée le 20 juillet 1991 et amendée suite à un référendum en 2006, qui en modifierait les articles 26, 28 et 99.

Ces dispositions consititutionnelles, non susceptibles de révision, garantissent en effet l’alternance dans l’exercice du pouvoir, le président de la République Islamique de Mauritanie ne pouvant, à l'heure actuelle n'exercer que deux mandats consécutifs. 

Les groupes parlementaires de l’opposition signataires de la déclaration de ce lundi 14 janvier, sont le Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD/Tawassoul), mouvance islamiste, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), l'Union des Forces du Progrès (UFP) et l'alliance de SAWAB et du Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL).

Ces parlementaires se sont réunis en concertation urgente, hier soir à Nouakchott, au siège du RNRD/Tawassoul.

Dans une déclaration publiée à l’issue de cette réunion, ces députés de l'opposition «condamnent fermement [cette] démarche en violation flagrante de la constitution» et insistent sur «la détermination des Mauritaniens à y faire face par tous les moyens légaux quel qu’en soit le prix».

Le document conjoint appelle également «tous les députés à une union sacrée dans une phase cruciale de l’histoire du pays, pour faire face à toute tentative visant à porter atteinte à la constitution».

Ces députés de l'opposition «invite [ent] les initiateurs de la proposition de loi [réformant la consitution, Ndlr] à mettre immédiatement fin à leur démarche» et leur impute «l’entière responsabilité des graves conséquences qui pourraient en découler».

Les groupes parlementaires de l’opposition saluent par ailleurs, au passage, «le large rejet par l’opinion publique d’une initiative dangereuse» et souhaite «la mobilisation de toutes les forces vives: partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et citoyens pour défendre la constitution».

Cette initiative pour un troisième mandat au président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz aurait également été rejetée par de nombreux élus issus de la majorité parlementaire. 

Le scrutin présidentiel 2019 en Mauritanie devrait se dérouler d’avril à juin 2019, selon les termes prévus par la constitution mauritanienne.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 14/01/2019 à 16h45, mis à jour le 14/01/2019 à 16h52