Mauritanie. Présidentielle: le feu couve au sein de l'UFP

Mohamed ould Maouloud, président de l'UFP, et quelques cadres du parti.

Mohamed ould Maouloud, président de l'UFP, et quelques cadres du parti.. DR

Le 19/03/2019 à 10h05, mis à jour le 19/03/2019 à 10h06

La candidature du président de l'Union des forces du progrès (UFP) Mohamed ould Maouloud, à l'élection présidentielle de juin prochain ne fait pas l'unanimité au sein de cette formation de la gauche historique mauritanienne. Explications.

L’Union des Forces de Progrès (UFP), un parti de la gauche historique de Mauritanie, issu du Mouvement National Démocratique (MND) des années 60 et 70, va vers une élection présidentielle 2019 de tous les dangers, avec des risques réelles d’implosion imputables à des dissensions internes, liées à la question de la candidature de son président Mohamed ould Maouloud.

Officiellement, le formation a pris acte «de l’échec des concertations visant à choisir un candidat unique au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), une option que l’UFP a défendu de toutes ses forces et en faveur de laquelle son président (Mohamed ould Maouloud) n’a ménagé aucun effort».

Parallèlement à l'échec de la stratégie du candidat unique, le Comité permanent (CP) note «qu’aucune des candidatures annoncées ne portent l’étendard du changement auquel aspire le parti qu’appellent de tous leurs vœux de larges franges des forces de l’opposition en Mauritanie».

En conséquence, l’UFP «doit assumer sa responsabilité historique et morale vis-à-vis du peuple mauritanien en général et des masses démunies en particulier, à l’occasion de l’élection présidentielle de juin 2019, en présentant son président, le Dr Mohamed ould Maouloud», plusieurs fois candidat malheureux à une élection présidentielle, «en dépit de tous les obstacles et défis».

Cependant, cette candidature n'a pas l’adhésion d’une partie des responsables de la formation. Un groupe dont le chef de file serait Mustapha ould Bedredine, une figure historique du Mouvement nationale démocratique (Mnd) s'oppose en effet à cette candidatrure.

Autre illustration, cette réaction sans concession de Kadiata Malick Diallo, députée de la formation et figure empblématique du parti, qui désapprouve «une candidature suicidaire».

Dans une démarche visant à faire ressortir une image renvoyant au syndrome de l’échec, cette députée rappelle que le président Mohamed ould Maouloud «a dirigé le MND depuis sa recomposition en 1976. Il est à la tête de l’Union des Forces de Progrès (UFP) depuis sa création en 1998. Un parti au sein duquel deux camps s’affrontent de manière irréductible et à peine voilée, dont les résultats aux dernières élections législatives, régionales et locales ont été modestes».

Mohamed ould Maouloud dirige également le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), un collectif de l’opposition englobant également des organisations de la société civile, des centrales syndicales et personnalités indépendantes ainsi que l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), et ce, depuis à présent six mois.

«Au lieu d’essayer de sauver le minimum qui aurait pu l’être de cette coalition, en vue de constituer un pôle solide, il veut se jeter dans la course au nom de son seul parti. J’espère me tromper, mais je vois là une candidature suicidaire», a ajouté la députée.

Répondant à Kadiata Malick Diallo, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président du parti, a tenu à rappeler que la formation «a défendu jusqu’au dernier moment, une candidature d’opposition externe aux partis. Puis elle a proposé au premier parti de l’opposition (Rassemblement pour la Réforme et le Développement (RNRD/TAWASSOUL -mouvance islamiste), de présenter un candidat.

L'offre a été déclinée par cette formation qui a avancé le nom d’un candidat hors de l’opposition démocratique, en la personne de Sidi Mohamed ould Boubacar, qui fût le Premier ministre de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, et qui ne s’est jamais prononcé au sujet des questions qui préoccupent l’opposition.

Toutefois, souligne le professeur Lô Gourmo Abdoul, en sa qualité de vice-président de l'UFP, souligne qu'un «constat d’échec est tiré par tous les partis de l’opposition et aucun n’a incriminé le président du FNDU (Maouloud) et de la coalition (AEOD). Et pour cause, il n’a jamais présenté sa candidature».

Partant, Lô Gourmo se demande s'il ne faudrait pas s’aligner derrière Tawassoul et donc soutenir la candidature de Sidi Mohamed ould Boubacar? Aurait-il fallu suivre le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL/ parti de l’ex président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi) et soutenir Ghazouani? Certains, au sein du parti, ont défendu cette position.

Cependant, a conclu le vice-président, «ni l’une, ni l’autre n’ont été retenues par l’UFP qui a décidé "d’aller au suicide" la tête haute. Pour le reste, on verra ce qui décidera le Bureau Exécutif (BE), instance suprême en la matière».

Les divergences entre la mouvance de l’UFP favorable à Mohamed ould Maouloud et l’aile proche de Mustapha ould Bedredine, existent depuis plusieurs années, mais elles n’ont jamais atteint le niveau actuel, de l’avis de nombreux analystes de la vie politique mauritanienne. 

Une chose est sûre, ces divergences au sein de l'opposition ne font que rapprocher de jour en jour Ghazouani du palais présidentielle.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/03/2019 à 10h05, mis à jour le 19/03/2019 à 10h06