Mauritanie: Human Right Watch demande l’abrogation des «lois répressives»

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Le 20/01/2019 à 11h02, mis à jour le 20/01/2019 à 11h16

Human Right Watch vient de rendre public son rapport 2019. L'ONG américaine pointe du doigt les nombreuses lois répressives qui ont porté atteinte aux libertés de nombreux citoyens mauritaniens.

Les autorités mauritaniennes ont fait recours à plusieurs lois répressives, basées sur «des formulations vagues et imprécises de nature à porter atteinte à la liberté d’expression» selon un rapport de l’ONG Human Right Watch, faisant le bilan de l’année 2018.

Celle-ci demande à Nouakchott de réviser sa copie dans ce domaine. Ces lois «draconiennes et de portée élastique concernent la cybercriminalité, l’apostasie, la diffamation, qui servent à des poursuites et emprisonnements visant les défenseurs des droits humains, les activistes, les blogueurs et les dissidents politiques», relève le rapport 2019 de l’ONG américaine.

Ainsi «l’affaire la plus récente illustrant cette tendance date du mois de septembre 2018, lorsqu’un tribunal a reconnu l’activiste Abdallah Salem ould Yali coupable d’incitation à la violence et à la haine, en raison de ses messages sur les réseaux sociaux, critiquant la discrimination dans le pays», explique le document. Abdallah Salem ould Yali est détenu à titre préventif depuis janvier 2018.

Mme Sarah Leah Witson, directrice de la division Moyen et Afrique de HRW, déplore une situation dans laquelle «les autorités mauritaniennes se réfèrent à une collection d’outils légaux répressifs, pour réduire au silence les activistes et organisations, insistant sur le fait que l’esclavage et la discrimination ethnique sont des questions majeures aux quelles la nation doit s’attaquer. Le gouvernement mauritanien devrait réformer de toute urgence le Code pénal et d’autres textes de lois pour qu’ils ne servent pas à punir des actes d’expression pacifique».

Le rapport de HRW rappelle également le cas du néo-député, Biram Dah ould Abeid, leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA-ONG antiesclavagiste), condamné à 6 mois de prison, dont e en sursis, par un tribunal correctionnel de Nouakchott en décembre 2018. L’élu a retrouvé la liberté après avoir purgé la peine infligée pendant la détention préventive.

Le document plaide également en faveur de l’abolition d’une loi obligeant désormais les juges à prononcer la peine capitale pour les cas de blasphème, adoptée en avril 2018.

Sur ce point, HRW rappelle le cas du blogueur Mohamed Cheikh ould MKheitir, condamné à mort «pour apostasie en janvier 2014, suite à la publication d’un article mettant en question l’utilisation de la religion pour légitimer la discrimination, détenu au secret depuis novembre 2017», après avoir purgé sa peine.

Le rapport de l’ONG évoque aussi le cas de l’ancien sénateur Mohamed ould Ghadda, une figure de l’opposition, emprisonné «sur la base de chefs d’inculpation relatives à la corruption, peu crédibles».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 20/01/2019 à 11h02, mis à jour le 20/01/2019 à 11h16