Mauritanie: Human Rights Watch appelle à l’abrogation des lois répressives

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Le 19/01/2020 à 09h29, mis à jour le 19/01/2020 à 09h32

Dans son rapport pour l'année 2020, Human Rights Watch (HRW), ONG américaine de défense des droits humains, appelle les nouvelles autorités mauritaniennes à "approfondir la démocratie" en Mauritanie, à respecter les droits humains et, surtout, à abroger les lois répressives.

Dans ce rapport 2020, l'ONG américaine de défense des droits humains Human Rights Watch estime que le nouveau président mauritanien "devrait inscrire dans ses priorités l’abrogation des lois répressives qui limitent la liberté d’expression, garantir les droits des femmes et ordonner aux forces de sécurité de respecter le droit à manifester pacifiquement".

Dans le contexte d'une sorte de transition politique favorable à l’approfondissement de la démocratie, le cas de la Mauritanie a en effet été l’un des principaux sujets abordés dans le rapport 2020 de HRW, qui s'est fortement engagée en faveur de l’éradication de la peine de mort à travers le monde.

Ce document, rendu public mardi 14 janvier dernier en soirée, soutient que le récent changement à la tête de l'Etat dans le pays, à la faveur du scrutin présidentiel du 22 juin 2019, doit permettre l’abrogation des lois répressive.

Mohamed ould Cheikh El Ghazouani avait en effet été élu président de la République Islamique de Mauritanie à cette date. Il avait ensuite prêté serment le 1er août 2019, prenant ainsi le relais de Mohamed ould Abdel Aziz, son ami et compagnon de 40 ans.

Depuis son entrée en fonctions, le nouveau locataire du palais présidentiel de Nouakchott a multiplié les signaux d’ouverture et d’apaisement vis-à-vis de l’opposition et des organisations de la société civile, prenant le contre-pied du style de gouvernance de son prédécesseur, caractérisé par une tension permanente avec tous ceux qui n’appartenaient pas à son camp politique.

Lors des deux mandats de Mohamed ould Abdel Aziz à la tête de l'Etat mauritanien, des jeunes, actifs sur les réseaux sociaux, à l’image de Cheikh ould Jiddou et Abderahmane ould Weddady, avaient été arrêtés et détenus pendant plusieurs mois pour avoir dénoncé des faits de corruption présumée.

Dans ce rapport, Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch souligne que "le président Ghazouani devrait procéder à une réforme qui n’a que trop tardé, celle d’un Code Pénal extrêmement dur, qui prévoit la peine de mort pour les affaires de blasphème, et qui est utilisé de fait, pour museler l’expression. Le nouveau président devrait aussi prendre des mesures décisives pour veiller à ce que les femmes et les filles survivantes de violences reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour aller de l’avant", 

Ce passage précis dans ce rapport, annuellement publié par l'organisation américaine, ayant trait au thème de la "mort pour les affaires de blasphème" fait directement allusion au cas d'un blogueur, Mohamed ould M’Kheitir.

Ce jeune Mauritanien avait été jugé par un tribunal de première instance, et condamné à mort, à cause de ce que le code pénal mauritanien considère comme un crime.

Sa peine avait ensuite été commuée à 2 ans de prison ferme, mais Mohamed ould M’Kheitir n'a recouvré la liberté, qui s'est ensuivie d’un départ en exil, que plus de 5 ans après le déclenchement de cette affaire, après avoir croupi dans une cellule de prison, au titre d'une "détention administrative", pendant près de deux ans. 

La peine de deux ans de prison ferme qui avait finalement été prononcée à l'encontre du jeune blogueur est, en fait, une mesure que ne prévoit pas le Code de Procédure Pénal (CPP), mais que les autorités avaient justifiée par la nécessité de "le protéger", Mohamed ould Mkheiter ayant dû faire face à des menaces de mort brandies par des groupes extrémistes.

Ce rapport pour l'année 2020 de HRW exhorte en outre les autorités de Nouakchott "à abroger la législation actuelle pénalisant les rapports sexuels hors mariage", et déplore l’inexistence de lois contre les violences basée sur le genre, "alors que les femmes et les filles rencontrent de nombreux obstacles pour accéder à la justice, car les victimes qui dénoncent le viol courent le risque d’être poursuivies pour des relations sexuelles hors mariage (zina), si elles ne peuvent pas prouver que l’acte n’était pas consenti".

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/01/2020 à 09h29, mis à jour le 19/01/2020 à 09h32