Assassinat de Martinez Zogo à Yaoundé: le préalable «non négociable» des avocats bloque le procès

AFP or licensors

Le 07/05/2024 à 10h28

VidéoDéjà trois audiences et les débats ne sont toujours pas ouverts au tribunal militaire de Yaoundé. Le procès de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo s’annonce très houleux. Pour l’heure, tous les avocats exigent la mise à leur disposition du dossier de procédure faute de quoi aucune évolution n’est permise. Le tribunal les invite à consulter le dossier sur place.

L’audience de ce lundi 6 mai 2024 n’a pas permis l’ouverture des débats comme prévu par le président du tribunal militaire de Yaoundé, le Colonel Jacques Misse Njoné. Pour cause, toutes les parties du procès ont maintenu leur exigence de recevoir chacune, le dossier de procédure. Un document initié en janvier 2023 dès la constatation de l’enlèvement, la torture puis l’assassinat de Martinez Zogo, le chef de chaine d’Amplitude FM, une radio urbaine émettant dans la ville de Yaoundé.

Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo était enlevé en pleine rue, à Yaoundé. Quelques jours plus tard, le 22 janvier, son corps était retrouvé près de la capitale.

L’animateur-radio dénonçait avec véhémence de nombreux cas de détournements des deniers publics opérés par certains membres du gouvernement au profit de quelques opérateurs économiques. Le dossier de procédure dispose de tous les éléments matériels pouvant contribuer à la manifestation de la vérité dans ce procès dont l’issue est vivement attendue tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur.


Pour chacun des avocats représentant soit l’une des parties civiles, soit la défense, le dossier de procédure est la boussole dans ce procès. Me Jacques Mbunny, avocat du principal inculpé nous l’a avoué: «Il est impératif pour nous de recevoir ce document. C’est le droit absolu de la défense du moment où il garantit le droit à un procès équitable à toutes les parties impliquées. Sinon comment voulez-vous que je défende mon client lorsque je ne dispose d’aucun élément?»

Me Charles Tchougang, avocat de l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, précise «ne pas nous le reproduire laisse penser qu’il y a des choses que le tribunal veut cacher. Ce qui serait contraire à la justice que nous réclamons tous pour Martinez Zogo et ses ayants droit».

L’insistance de tous les avocats a amené le président du tribunal, les juges et le commissaire du gouvernement à revenir sur leur décision qui semblait déjà actée. Celle de ne pas reproduire ce dossier à chacune des parties au nom du code de procédure pénale qui limite l’action des avocats à la simple consultation du dossier de procédure et non à le reproduire pour tous . Ainsi l’audience du 27 mai 2024 permettra aux juges de tirer une conclusion définitive à ce sujet.

Le peuple lui, attend l’ouverture des débats, impératifs pour connaitre les vrais mobiles de cet ignoble assassinat. En tout, 17 personnes sont inculpées dans cette affaire. Parmi lesquelles, des éléments des forces armées et police et des civiles.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 07/05/2024 à 10h28