Assassinat de Martinez Zogo: les nouvelles nominations au tribunal de Yaoundé feront-elles éclater la vérité?

La photo du journaliste et animateur radio Martinez Zogo, assassiné, exposé par ses collègues et confrères, lors d'une cérémonie d'hommage à Yaoundé.

Le 23/12/2023 à 09h04

VidéoAvec de nouvelles nominations au tribunal militaire de Yaoundé, l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo risque de prendre de nouvelles tournures. C’est du moins ce qu’espèrent les Camerounais qui craignent de ne jamais connaître la vérité sur cette sordide histoire, celle d’un homme dont le cadavre a été découvert horriblement mutilé.

Tout indiquait que le lieutenant-colonel et magistrat Florent Aimé Sikati II Kamwo soit dessaisi de l’affaire dite du journaliste radio Martinez Zogo, journaliste devenu célèbre en dénonçant les détournements de deniers publics et la mauvaise gouvernance au Cameroun.

Martinez Zogo, porté disparu le 17 janvier 2023, a été retrouvé mort dans une broussaille cinq jours plus tard. Seuls ses habits et ses chaussures qui avaient été retrouvés sur les lieux ont permis à son épouse de l’identifier. Selon les premières éléments livrés alors par la famille du défunt après autopsie, Martinez Zogo a été victime d’une violence indescriptible avant sa mise à mort.

Depuis, des voix se sont élevées pour s’inquiéter du dénouement de cette affaire, malgré l’arrestation des suspects de son enlèvement et de son assassinat.

A la mi-décembre, cette affaire a connu un rebondissements avec la signature du décret présidentiel du 13 décembre 2023 nommant un nouveau président du tribunal militaire de Yaoundé et un autre juge d’instruction.

Le 18 décembre 2023, le nouveau président de ce tribunal a signé une ordonnance aux fins de dessaisissement du juge d’instruction Sikati II Kamwo.

Le colonel Jacques Baudouin Missé Njoné motive sa décision par le silence inexplicable du lieutenant-colonel Sikati II suite à l’ordonnance de libération de deux inculpés, l’homme d’affaires Amougou Belinga et le directeur général du Renseignement extérieur, Léopold Maxime Eko Eko. Ces deux derniers figurent parmi les principaux suspects dans l’assassinat de l’ancien chef de la radio urbaine Amplitude Fm. Ordonnance de libération signée visiblement par ses soins mais que lui-même dénoncera quelques heures plus tard.

Se fondant sur les dispositions de l’article 146 alinéa 2 du code de procédure pénale, le patron du tribunal militaire de Yaoundé a tout simplement procédé au remplacement du juge d’instruction Florent Aimé Sikati II Kamwo. Il s’agit ainsi du deuxième juge dessaisi de cette affaire qui continue d’alimenter les débats partout au Cameroun et même au-delà.

A l’intérieur du pays, les citoyens implorent le Seigneur pour que justice soit rendue à cet animateur radio harcelé, torturé et finalement assassiné en début du mois de février 2023 puis abandonné dans une broussaille non loin de la ville de Yaoundé où son corps sera retrouvé dans un état de décomposition avancée quelques jours plus tard.

Une justice réclamée par tous même. Mais cette quête de vérité se heurte au sentiment qu’ont beaucoup de Camerounais qui pensent que la politique s’est déjà mêlée de cette affaire qui relève du droit commun. Pour beaucoup de citoyens, la suspicion entoure d’ores et déjà le verdict final. Ce doute est partagé par certains avocats au barreau qui craignent pour l’avenir du pouvoir judiciaire du pays.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 23/12/2023 à 09h04