Par son annonce de recruter 9.944 professionnels de la santé, le Président Paul Biya entend répondre à la demande en soins médicaux des patients, lutter contre le chômage des jeunes et améliorer la prise en charge des malades dans les formations sanitaires à capitaux publics sur l’ensemble du territoire national.
Seulement, l’annonce du Président de la République est diversement appréciée par certains professionnels de la santé qui estiment que le nombre annoncé est largement en deçà des besoins. La quasi totalité des syndicalistes du secteur de la santé reconnait les efforts du gouvernement mais souligne sans réserve la nécessité de redoubler d’efforts.
Sylvain Nga Onana, président du Syndicat national des personnels des établissements et entreprises du secteur de la santé étaye ses assertions exemples à l’appui «l’hôpital Laquintinie de Douala emploie 900 personnes parmi lesquelles plus de 600 sont en situation précaire. Le Centre des Urgences de Yaoundé en compte 450 dont 300 vivent une situation peu enviable. C’est la même réalité à l’hôpital central de Yaoundé et bien autres ailleurs et encore je ne tiens pas compte de celui des hôpitaux nouvellement construits. C’est ce qui nous faire dire le Chef de l’Etat a vu juste mais le nombre des personnels à recruter doit doubler».
D’ailleurs, le Cameroun figure sur la liste de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) des pays souffrant le plus de ce déficit. «Selon les données de l’OMS, le Cameroun compte 1,9 infirmière pour 10.000 habitants, alors que le Québec en compte près d’une centaine. Ce déséquilibre a conduit l’OMS à inclure le Cameroun sur sa liste des 55 pays en danger face à la fuite de personnel de santé» rapportait récemment la presse canadienne.
Le travail sans contrat, cette autre gangrène
Au moins 16.000 personnels de santé formés sont actuellement en attente d’un recrutement à la fonction publique. Nombre d’entre eux ont une ancienneté de plus de 10 ans dans les formations sanitaires à travers le pays où ils exercent sans aucun engagement.
Au Centre des urgences de Yaoundé (CURY), Nga Brice, technicien en génie sanitaire, est loin d’être rassuré par les propos du Président, «personnellement, je ne peux pas être serein parce rien ne me garantit d’être contractualisé malgré mon ancienneté de près de 10 ans au CURY. Certes, le président a fait des annonces, mais nous ne savons pas comment ça va se faire», a-t-il déclaré avant de conclure qu’il s’en remet à Dieu.
Au Cameroun, le manque des personnels de santé qualifiés dans les formations sanitaires est l’une des causes de la mortalité des personnes vulnérables.