Côte d’Ivoire: Gbagbo investi à la présidentielle par son parti, malgré son inéligibilité

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo s'adresse à ses partisans rassemblés pour les célébrations du 2ème «Festival de la Renaissance» à Agboville le 6 avril 2024.. AFP or licensors

Le 11/05/2024 à 07h51

L’ancien chef d’Etat ivoirien devenu opposant, Laurent Gbagbo, a été investi vendredi à Abidjan par son parti comme candidat à l’élection présidentielle prévue fin 2025, bien qu’il soit radié des listes électorales et donc pour l’heure inéligible.

«J’accepte d’être votre candidat», pour la présidentielle prévue en octobre 2025, a annoncé Laurent Gbagbo lors d’une cérémonie de sa formation, le Parti des peuples africains - Côte d’Ivoire (PPA-CI).

Dans son discours de plus d’une heure prononcé en fin de journée devant un millier de partisans réunis à l’hôtel Ivoire d’Abidjan, M. Gbagbo, 78 ans, s’est engagé «à faire un seul mandat (...) mais un mandat où tout sera bouclé».

L’ex-président ivoirien (2000-2011) est toutefois inéligible.

Acquitté par la justice internationale de crimes contre l’humanité lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011, il avait été condamné en 2018 dans son pays à 20 ans de prison pour des faits liés à cette crise.

Gracié en 2022, un an après son retour, par l’actuel président Alassane Ouattara, il n’a cependant pas été amnistié ce qui l’empêche d’être réinscrit sur les listes électorales.

Vendredi, M. Gbagbo a esquissé un début de programme politique, annonçant notamment des mesures pour mettre fin à la corruption, rendre la justice plus indépendante, désendetter le pays, créer un meilleur système de santé.

«Notre pays a connu beaucoup de problèmes, de luttes, de guerres, mais nous ne connaissons pas la vérité sur tous ces conflits-là», a-t-il par ailleurs affirmé.

Après avoir été divisée en deux par une rébellion dans les années 2000, la Côte d’Ivoire a connu une crise post-électorale en 2010-2011, quand s’affrontaient les partisans de Laurent Gbagbo et ceux de l’actuel président Alassane Ouattara. Environ 3.000 personnes sont mortes.

«Il faut réconcilier les Ivoiriens», a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de «trouver les responsables».

Le poids politique du PPA-CI actuel reste difficile à estimer en Côte d’Ivoire.

En septembre 2023, lors des élections municipales et régionales, il n’avait réussi à remporter qu’une poignée de communes.

Face à lui, il pourrait retrouver le banquier international Tidjane Thiam, à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition. Du côté du parti au pouvoir, le président Alassane Ouattara, en poste depuis 2011, n’a pas encore indiqué s’il comptait briguer ou non un 4e mandat.

Symbole de la gauche ivoirienne, Laurent Gbagbo risque également d’être concurrencé par plusieurs de ses anciens partisans qui pourraient tenter leur chance en 2025: son ancien bras droit Charles Blé Goudé - lui aussi inéligible -, son ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan ou encore son ancienne épouse Simone Gbagbo.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 11/05/2024 à 07h51