Employabilité des jeunes au Sénégal : est-ce le début de la fin du gâchis des compétences ?

Sophie Diallo, directrice générale du 3FPT

Le 12/05/2024 à 10h27

Dans le cadre de la lutte contre le chômage des jeunes au Sénégal, l’Association sénégalaise des professionnels en ressources humaines (ASPRH) et le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) ont procédé à la signature d’une convention de partenariat le 11 mai dernier. Objectif : proposer un programme de formation adapté aux besoins réels des entreprises.

Le chômage des jeunes est un défi de taille au Sénégal, avec un taux officiel de 19,5% au troisième trimestre de 2023. Cependant, le récent partenariat entre l’Association Sénégalaise des Professionnels en Ressources Humaines (ASPRH) et le Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT) pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre ce fléau.

Depuis des années, le Sénégal fait face à un gaspillage criant de ses compétences juvéniles, avec des milliers de jeunes diplômés sans emploi. Ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, notamment un décalage entre les programmes de formation et les besoins réels du marché du travail, un manque d’opportunités d’insertion professionnelle et une faible synergie entre les acteurs clés.

L’accord conclu entre l’ASPRH et le 3FPT vise à combler ces lacunes en rapprochant les entreprises des structures de formation. En effet, l’ASPRH, forte de ses 2000 membres (DRH, consultants et formateurs RH), s’engage à identifier les besoins précis des entreprises en termes de compétences. Le 3FPT, quant à lui, financera des programmes de formation adaptés, ouvrant ainsi la voie à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre qualifiée.

Cette approche novatrice présente plusieurs avantages. Tout d’abord, elle permettra aux jeunes de bénéficier d’une formation ciblée et pertinente, augmentant ainsi leurs chances d’insertion professionnelle. De plus, les entreprises pourront compter sur un vivier de talents mieux préparés, facilitant leur croissance et leur compétitivité.

Selon Ibrahima Mbaye, président de l’ASPRH, l’objectif est de « former le maximum de salariés et de jeunes pour faciliter leurs insertions, conformément aux attentes des entreprises ». De son côté, Sophie Diallo, directrice générale du 3FPT, souligne l’importance d’impliquer les entreprises dans la définition des besoins en ressources humaines, afin de financer des formations débouchant sur de réelles perspectives d’emploi.

Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de professionnalisation des jeunes Sénégalais, qui représentent 70% de la population. Il s’agit d’un enjeu crucial pour l’avenir socio-économique du pays, tant sur le plan de l’employabilité que du développement des compétences.

D’un point de vue économique, cette initiative permettra de mieux adapter l’offre de formation aux besoins du marché du travail, favorisant ainsi l’adéquation entre les compétences des jeunes et les attentes des employeurs. En termes de ressources humaines, elle contribuera à renforcer les capacités des jeunes travailleurs et à faciliter leur intégration dans les entreprises.

L’évaluation des impacts : un élément clé pour ajuster les stratégies

Cependant, pour garantir l’efficacité de cette démarche, les facteurs culturels, les aspirations et les contraintes spécifiques à cette frange de la population devront être pris en compte dans l’élaboration des programmes de formation et d’insertion, recommande un analyste.

De plus, pour que cette initiative soit pleinement efficace, il sera crucial d’assurer une coordination étroite entre tous les acteurs impliqués, afin d’éviter les doublons et de maximiser les synergies. De même, une évaluation régulière des programmes de formation sera nécessaire pour s’assurer qu’ils répondent aux évolutions constantes du marché du travail.

Par ailleurs, il conviendra de veiller à l’équité et à l’inclusion, en garantissant un accès égal aux opportunités de formation pour tous les jeunes, indépendamment de leur genre, leur origine sociale ou leur situation géographique.

Enfin, une attention particulière devra être accordée aux secteurs porteurs d’emplois, tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière, les services et les technologies de l’information et de la communication (TIC). En effet, ces domaines offrent un potentiel considérable pour absorber la main-d’œuvre juvénile et stimuler le développement économique du pays.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 12/05/2024 à 10h27