Le scrutin coïncide avec les élections législatives, sénatoriales et municipales, que devrait, comme d’ordinaire, très largement remporter son Parti démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE).
A 80 ans, Obiang détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarchie. Il avait été réélu en 2016 avec 93,7% des voix pour un nouveau septennat.
Le chef de l’Etat a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1979 dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale indépendant de l’Espagne depuis 1968, en renversant son oncle et sanguinaire dictateur Francisco Macias Nguema, qu’il a fait fusiller deux mois plus tard.
En septembre dernier, Obiang a fait abolir la peine de mort mais son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales et des capitales occidentales de réprimer violemment toute opposition et de bafouer les droits de l’Homme, ainsi que pour l’ampleur de la corruption.
Pour les législatives, le PDGE, qui détient 99 des 100 sièges de l’Assemblée nationale sortante, et la totalité au Sénat, est à la tête d’une coalition comprenant 14 partis satellites.
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Pour la présidentielle, Teodoro Obiang fera face à deux candidats: Andrès Esono Ondo, pour la Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), seul parti d’opposition qui ne soit pas interdit, et Buenaventura Monsuy Asumu du Parti de la Coalition Sociale démocrate (PCSD), micro-mouvement jusqu’alors allié au PDGE aux législatives.
Dimanche, 427.661 Équatoguinéens seront convoqués aux urnes.
«Débattre avec des boucs»
Troisième pays le plus riche d’Afrique sub-saharienne en PIB par habitant en 2021 selon la Banque mondiale, l’essentiel de sa richesse reste concentrée dans les mains de quelques familles.
En l’absence de données récentes sur le pays, l’institution de Bretton Woods estimait en 2006 que près de 80% de la population vivait en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,9 dollars par jour par habitant).
Rien n’indique que la situation de 1,4 million d’Equatoguinéens se soit améliorée aujourd’hui, après la chute des revenus du pétrole à partir de 2014, la récente pandémie de Covid-19 et les conséquences économiques de la guerre en Ukraine.
Les couleurs du PDGE dominent Malabo, la capitale. Portraits, banderoles, affiches et logos habillent à perte de vue les grandes artères de la ville. Les affiches de campagne de l’opposition, elles, réduites à la portion congrue, sont régulièrement déchirées ou recouvertes par des portraits du président Obiang, tout sourire.
Les médias d’Etat diffusent en boucle des portraits du chef de l’Etat et le slogan «Continuité » du PDGE, parti unique jusqu’en 1991. Les meetings de Obiang sont diffusés en direct à la télévision d’Etat (TVGE) et rediffusés en boucle au détriment de ceux des opposants.
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«Si les élections sont libres et transparentes, je peux gagner», assure Esono Ondo, accusant le régime d’organiser une «fraude massive». «Le régime discrimine et le gouvernement gouverne seulement pour la famille Obiang», assène le candidat évoquant une «dictature».
Il s’est vu refuser un débat télévisé avec le président-candidat, qui ne parlera pas à un «candidat même pas sûr d’obtenir 1% des suffrages», a lancé son vice-président de fils Teodoro Obiang Nguema Mangue. «Qu’il s’amuse à débattre avec des boucs», a conclu le tout-puissant numéro deux du régime, surnommé Teodorin, et chef de campagne de son père.
Répression
Peu avant que Obiang se déclare de nouveau candidat en septembre, l’hypothèse de voir son fils lui succéder comme candidat du PDGE à la présidentielle avait pris de l’ampleur en raison de son omniprésence sur la scène politique depuis deux ans.
Mais ce dernier a peut-être pâti de sa réputation de jet-setteur publiquement assumée et d’accusations de corruption en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, avaient indiqué sous le couvert de l’anonymat des cadres du PDGE lors du dernier congrès du parti fin 2021.
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Depuis plusieurs semaines, comme avant chaque scrutin, les forces de l’ordre mènent une impitoyable campagne d’arrestations d’opposants au motif, selon le régime, qu’elles ont déjoué un «complot» de l’opposition qui prévoyait des «attentats» notamment contre «des ambassades occidentales et les domiciles de ministres».
L’Union européenne a jugé récemment «crucial» d’assurer «les conditions d’un scrutin pacifique, inclusif et transparent et le respect de l’Etat de droit par les autorités».
Fin octobre, Malabo a fermé les frontières «pour éviter l’infiltration de groupes qui peuvent tenter de déstabiliser la campagne» et ordonné quelques semaines plus tôt à des milliers de travailleurs «sans-papiers» de regagner leur pays d’origine.