Plus de 17 millions d’électeurs de ce pays d’Afrique australe sont appelés à voter jusqu’à 18H00 (16H00 GMT) lors de ce scrutin sans suspense. Le président sortant Filipe Nyusi, à défaut de pouvoir se représenter, a été l’un des premiers à rejoindre les isoloirs de l’école Jozina Machel transformée en bureau de vote à Maputo.
Les dernières élections en 2019, qui avaient accordé 73% des voix au candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo, marxiste), au pouvoir depuis un demi-siècle, avaient été entachées d’irrégularités. Et les municipales de l’an dernier avaient été vivement contestées par l’opposition.
«C’est important de voter pour apporter le changement. Il faut voter, sortir de sa maison. Sinon il ne se passe rien», estime Amalia Brandan, une commerçante de 52 ans attendant en chemisette fleurie le début des opérations de vote.
Aux municipales l’an dernier, «c’était compliqué, ceux qui avaient gagné ne se sont pas vus reconnaître leur victoire», a-t-elle ajouté, donc elle s’«inquiète» que les élections ne soient pas «paisibles» en ce jour de pluie dans la capitale.
Le candidat du Frelimo à la succession, Daniel Chapo, 47 ans, est un ancien gouverneur de province sans expérience gouvernementale.
Sauf forte surprise, le Frelimo devrait se maintenir aux postes-clé du pouvoir, en dépit des critiques et des dissensions.
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Le scrutin intervient dans un contexte économique morose et alors que des attaques jihadistes dans le nord continuent, depuis plusieurs années, de contrarier les espoirs de manne liée aux gisements de gaz naturel dans l’océan Indien.
«Clientélisme»
«Rien ne va changer, les résultats seront les mêmes», pronostique aussi Domingos Do Rosario, professeur de sciences politiques à Maputo, soulignant la faiblesse des traditions démocratiques de son pays aux fortes inégalités, où «le clientélisme» domine et 74% des habitants demeuraient en 2019 sous le seuil de pauvreté international, selon la Banque mondiale.
«L’intégrité du processus électoral est un vrai problème», souligne Borges Nhamirre, de l’Institut d’Etudes pour la sécurité de Pretoria. «Les institutions à tous les niveaux -corps électoraux, tribunaux, police- vont manipuler le scrutin».
Le probable futur président, Daniel Chapo, front dégarni, physique élancé et présence énergique en campagne, avait été désigné en mai à la surprise générale par le parti. Ce qui le rendra vulnérable aux pressions que ne manqueront pas d’exercer sur lui les différentes factions du parti-Etat, soulignent plusieurs experts.
Il serait le premier président né après l’indépendance. Et le premier à n’avoir pas combattu lors de la guerre civile (1975-1992) qui a fait un million de morts et a connu des combats ultérieurs jusqu’à l’accord de paix définitif de 2019.
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Face à lui, trois candidats de l’opposition: Ossufo Momade de la Renamo, Lutero Simango (MDM, centre-droit) et celui ayant émergé pendant la campagne, Venancio Mondlane, 50 ans, qui a récemment quitté la Renamo après avoir échoué à en prendre la tête.
Orateur de talent, charismatique, il suscite de l’espoir, notamment auprès de la jeunesse. «Si les élections étaient libres et équitables, il aurait des bonnes chances d’émerger comme le nouveau leader de l’opposition», estime M. Nhamirre.
Mais la commission électorale (CNE), jugée trop proche du pouvoir, lui accordera peut-être «quelque 10% des voix, voire un peu plus, pour éviter des violences», estime un universitaire qui tient à garder son anonymat.
Cette commission «est une blague, elle fabrique des électeurs», dénonce M. Do Rosario, estimant que le chiffre officiel de plus de 17 millions d’inscrits, sur une population totale, et jeune, de 33 millions, n’est pas crédible.
Depuis une vingtaine d’années, «la triche» électorale est omniprésente, ajoute-t-il.
Le Mozambique, vulnérable au dérèglement climatique entre cyclones destructeurs et sécheresse, reste l’un des territoires les plus pauvres au monde. Un projet de gaz naturel dans le nord est paralysé depuis 2021 par des violences jihadistes.