Sénégal. Législatives: quand les armes parlent à la place des leaders politiques

Sénégal : quand les armes parlent à la place des arguments

Sénégal : quand les armes parlent à la place des arguments. DR/

Le 19/07/2017 à 17h40, mis à jour le 19/07/2017 à 18h35

Violences physiques et verbales comme programme de campagne. Armes à feu dans les poches, machettes dissimulées sous la chemise..., quand les militants de partis politiques confondent la campagne des législatives 2017 à une guerre, le sang coule.

Alors que la campagne pour les législatives du 30 juillet 2017 bat son plein, la violence gagne au fur et à mesure du terrain dans plusieurs localités du pays.

Après les sanglants affrontements qui ont eu lieu à Grand Yoff entre les partisans de Macky Sall et ceux de Khalifa Sall, c’est au tour de Rufisque de prendre le relais des violences électorales. La caravane de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal, que dirige Oumar Cissé à Rufisque, a été la cible d’une attaque aux armes à feu et à la machette de la part des partisans de «Benno Bokk Yakaar», conduits par Oumar Gueye, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime.

C’est à Colobane précisément, un quartier de Rufisque, que des coups de feu ont été tirés par des nervis acquis à la cause d’Oumar Gueye. Plusieurs d’entre eux avaient des armes blanches et des pierres à la main. Et il s’en est fallu de peu pour que ça dégénère et que l’irréparable se produise entre ces deux camps.

Même si ces évènements sont les plus récents, depuis le début de la campagne, on assiste à des scènes de violences. A Dakar et dans plusieurs régions du Sénégal, la violence gagne de plus en plus du terrain. Le quartier Grand Yoff, fief de Khalifa Sall, le maire de Dakar emprisonné, a été, ce week-end, le théâtre d’affrontements d’une rare violence entre partisans de la tête de liste nationale de la coalition «Manko Taxawu Senegaal», alliée de la coalition «Benno Bokk Yakaar».

Selon plusieurs témoins, «la caravane de la star Youssou Ndour (camp présidentiel) a essuyé des jets de pierres des partisans de Khalifa Sall, qui voyaient le ministre conseiller du président Macky Sall comme un intrus. C’était aussi le cas au quartier Médina (centre ville de Dakar), où les militants de l’Alliance pour la république (Apr) de Macky Sall en sont venus aux mains avec les proches de Bamba Fall, le maire de la localité.

Une scène similaire a aussi été enregistrée à Labgar dans le département de Linguère dans la région de Louga, où le maire Idrissa Diop a été poignardé au thorax par un nommé Issakha Bofène Dia. Il a été admis à l’hôpital Maguette Lô de Linguère avant d’être évacué à Dakar. Dans cette localité, Idrissa Diop et Moussa Sow, appartenant pourtant à la même mouvance présidentielle, se livrent une guerre sans merci. La bagarre s’était déclenchée lors de l’installation du Comité électoral de la coalition «Benno Bokk Yakaar», proche de la majorité sortante au parlement sénégalais.

Avec la tournure violente que prend de plus en plus la campagne pour les législatives du 30 juillet 2017, le Sénégal va vers des joutes électorales inédites dans son histoire politique.

Malheureusement, ce sont d’inconscients jeunes sénégalais qui servent de chair à canon aux hommes politiques qui, après une probable victoire, ne se soucieront plus de leur sort. Selon plusieurs citoyens également, «les forces de l’ordre n’appartiennent pas uniquement au camp présidentiel. Il serait ainsi temps pour l’Etat de faire preuve de plus de responsabilité en se montrant impartial dans la protection de tous les candidats». 

Il est aussi de la responsabilité des candidats députés de l’opposition d’inviter leurs partisans à plus de retenue. La responsabilité et le bon sens du camp présidentiel et de l’opposition sont donc engagés pour éviter au Sénégal de revivre les évènements de Kédougou, de Sangalkam et du campus universitaire de Dakar qui avaient abouti à des pertes en vies humaines.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 19/07/2017 à 17h40, mis à jour le 19/07/2017 à 18h35