Trafic du bois en Casamance: le Sénégal n’en a pas fini avec Yahya Jammeh

Les rebelles indépendantistes orientent les enquêteurs vers un vaste réseau de coupe clandestine et de vente illicite de bois de teck.

Les rebelles indépendantistes orientent les enquêteurs vers un vaste réseau de coupe clandestine et de vente illicite de bois de teck.

Le 10/04/2019 à 12h28, mis à jour le 10/04/2019 à 12h30

Yahya Jammeh, président déchu de la Gambie, aurait empoché, au total, 325,5 millions de dollars grâce au pillage de la forêt casamançaise, au Sénégal. Moustapha Diakhaté, ex-député sénégalais, demande qu'une commission d’enquête parlementaire détermine les responsabilités à l'origine de ce trafic.

L’ancien dictateur gambien, Yahya Jammeh se serait enrichi de 500 milliards de francs Cfa par le pillage et le bradage, pendant 22 ans, des forêts des régions de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou, dans le sud du Sénégal.

Cette information, qui provient du quotidien britanniqueThe Guardian, suscite la colère des Sénégalais.

L'ex-député, Moustapha Diakhaté, veut que ce trafic concernant le bois, qui a littéralement décimé cette luxuriante forêt casamançaise soit élucidé et que les complices du président gambien déchu soient sanctionnés.

«Les auteurs de ce pillage, aussi bien Sénégalais que Gambiens, doivent être identifiés et sévèrement punis», a martelé Moustapha Diakhaté.

L’ex-dictateur gambien, actuellement en exil en Guinée Equatoriale, est sans nul doute à l'origine de cette véritable catastrophe écologique, qui porte aussi un coup dur à l’économie sénégalaise.

Un rapport de l'ONG américaine Forest Trends estime en effet les dégâts subis dans cette forêt à près de à 325,5 millions de francs Cfa (soit 162, millions de dollars américains).

Selon toujours Forest Trends, Yahya Jammeh aurait également prélevé des taxes, évaluées à 7 milliards de francs Cfa (15 millions de dollars) sur le trafic du bois provenant de cette forêt.

Une fois coupé dans la forêt casamançaise, le bois était acheminé en Gambie pour être ensuite exporté vers la Chine.

Ce trafic très lucratif a duré de nombreuses années, avec la complicité des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) qui a, lui aussi, encaissé un total de 9 milliards de francs CFA (soit 19,5 millions de dollars) entre 2010 et 2014, révèle Forest Trends.

En 2015, la Gambie, avec ses 11.300 kilomètres carrés de superficie, dont les forêts naturelles sont actuellement décimées, a exporté 58.000 mètres cubes de bois vers la Chine, ce qui équivaut à l'abattage d'environ 140. 000 arbres.

Un volume équivalent à celui que la Côte d’Ivoire a exporté vers la Chine au cours de cette même année.

La manne financière ainsi encaissée est estimée à 41 millions de dollars.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 10/04/2019 à 12h28, mis à jour le 10/04/2019 à 12h30