Sénégal: l’autosuffisance en riz promise en 2017 n’est toujours pas au rendez-vous

DR

Le 28/08/2019 à 17h04, mis à jour le 28/08/2019 à 17h05

Dans un communiqué datant de ce mardi 27 août, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie annonce qu’au mois de juin 2019, le Sénégal a dépensé 16,979 milliards de Fcfa dans les importations de riz. Un mois auparavant, elles dépassaient 20 milliards de Fcfa.

Ces chiffres traduisent toutes les difficultés que trouve le gouvernement à réaliser son rêve de voir le Sénégal être autosuffisant en riz. Pourtant, en février 2015, le président Macky Sall avait affirmé, devant les producteurs de l’Anambé (bassin rizicole) que le Sénégal allait y arriver dans un proche avenir.

"Nous l’avons dit. Notre objectif est d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017 et ce sera fait. Parce que nous savons la démarche. Nous connaissons les ingrédients qu’il faut mettre ensemble", avait déclaré le chef de l’Etat.

Quatre ans plus tard, l’histoire semble donner raison à l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) qui avait qualifié «d’utopique» la déclaration de Macky Sall. "L’autosuffisance en riz, en 2017, tant chantée sur tous les toits, relève d’une utopie ; il est impossible de la réaliser à cette échéance", avait rétorqué Alla Dieng, secrétaire général de l’Unacois.

On était en effet au mois de décembre 2017, et les importations de riz étaient presque aussi importantes que celles des années précédentes. Présidant alors le Conseil de validation des résultats de la réunion annuelle conjointe (RAC 2017), Macky Sall était au premier plan pour reconnaître l’impuissance de l’Etat à concrétiser l’autosuffisance dans les délais annoncés. "J’avais énoncé l’année 2017 pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz, mais avec la double saison, nous allons y arriver vers fin 2018, début 2019", avait encore déclaré le chef de l’Etat.

Emboîtant le pas au président Macky Sall, l’ex-porte-parole du gouvernement, Seydou Gueye, avait confirmé cet aveu de faiblesse de la part de l’Etat. "2017, c’était l’objectif. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 60% de l’objectif puisque nous sommes partis de 300 mille tonnes à près d’un million de tonnes. Et il nous faut 1 million 600 mille tonnes de riz paddy pour avoir justement cet objectif. Donc, ce qui importe, c’est de savoir que c’est à notre portée et que nous y arriverons inchallah", avait-il annoncé à son tour.

Abdou Mbaye, ancien Premier ministre du Sénégal, actuel leader de l’Alliance pour la citoyenneté et de travail (ACT), avait sauté sur cette occasion pour, une fois de plus, critiquer les promesses au peuple que l’Etat à du mal à respecter. 

"Nous avions dénoncé en son temps comme un projet irréalisable l’atteinte en deux ans de l’autosuffisance en riz du Sénégal annoncée pour 2017. Après cette annonce, les statistiques des productions locales se sont toutefois miraculeusement envolées. Mais la dure réalité des importations de riz a démenti l’autosuffisance en riz pour 2017. Alors vient un autre gros mensonge, celui d’une autosuffisance en riz arrivant à point nommé une année d’élection présidentielle, soit dans 2 ans, en 2019", avait-il dit.

Le Sénégal en est aujourd’hui à un cumul de plus de 200 milliards de Fcfa de dépenses annuelles dans les importations de riz, mais l’Etat ne veut toujours pas avouer devant les Sénégalais, l’échec de sa politique rizicole.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/08/2019 à 17h04, mis à jour le 28/08/2019 à 17h05