Le monde célèbre la Journée mondiale de l’enfance, ce lundi 20 novembre. Mais au moment où la majorité des enfants du monde est protégée par le cercle familial, près de 100.000 «talibés» vadrouillent dans les rues au Sénégal.
A Dakar, où se concentre la majorité des «daaras» (écoles coraniques), se trouve le plus grand nombre d’élèves d’écoles coraniques. Selon les statistiques officielles, 30.000 «talibés», dont les 60% ont moins de 10 ans, sont tous les jours obligés d’aller tendre la main dans les rues de la capitale pour remplir les poches de leurs maîtres.
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Bombes à retardement
Mal logés, mal nourris et maltraités, ces enfants, en majorité analphabètes (même en arabe, langue dans laquelle ils sont censés étudier), n’apprennent souvent aucun métier et ont pour la plupart rompu les liens familiaux. Cette situation, qui rendra difficile leur avenir, les expose, à l'adolescence, à certaines dérives comme la drogue, l’alcool ou la criminalité. Et avec la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest, ces enfants pourraient devenir de potentielles recrues pour les organisations terroristes.
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Pourtant, en juin 2016, l’Etat du Sénégal avait initié le retrait des enfants de la rue pour les remettre à leurs familles. Mais cette opération n’aura duré que six mois. Avec la pression exercée sur les autorités par quelques maîtres d’école coraniques proches de certaines familles religieuses, les enfants sont vite retournés dans les rues de la capitale sénégalaise.
Cette situation des «talibés» choque les étrangers, de passage ou qui viennent visiter le Sénégal. Dans divers milieux de la capitale, les touristes sont assaillis par une nuée de petits mendiants. Ce fléau constitue un frein à l’épanouissement d’une bonne partie de la jeunesse et cause du tort à l’économie sénégalaise. Mais avec le mutisme de l’Etat, qui semble démissionner face au problème des «talibés», et celui des ONG, qui devraient défendre la cause des enfants, les élèves des écoles coraniques ne sortiront pas de la rue de sitôt.