«La responsabilité de bâtir un avenir meilleur pour notre continent ne repose pas uniquement sur les épaules des gouvernements, mais sur chacun d’entre nous. En unissant nos forces et en travaillant ensemble, nous pouvons réaliser des changements significatifs.» Abdou Dassouli, président de l’association Prosperitas Africa, a fait de cette citation son leitmotiv, visant à inspirer des transformations positives sur le continent.
Il aurait pu se satisfaire de son confort de directeur général délégué de la Mutuelle agricole marocaine d’assurances (MAMDA-MCMA) et de directeur général de la société d’assurance mutuelle MAMDA IT. Mais notre interlocuteur a décidé de se laisser porter par sa passion et son optimisme pour l’Afrique: «Nous sommes en train de recenser les besoins. Comment pouvons-nous aider la Côte d’Ivoire, le Sénégal avec nos moyens? De même, comment pouvons-nous aider les pays enclavés tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger? Comment notre association peut-elle leur être utile? Comment pouvons-nous les servir? Devrions-nous chercher à appuyer le désenclavement vers Dakhla?»
Dans un contexte mondial marqué par d’importants bouleversements géopolitiques, économiques et sociaux, Prosperitas Africa s’engage résolument à accompagner les profondes mutations en Afrique. Dans cette perspective, un accord de partenariat a été signé récemment entre l’association et Oil’live Green pour promouvoir la durabilité environnementale et la préservation des ressources naturelles, notamment dans la filière oléicole. «Les années passées ont été marquée par des transformations majeures que nous n’aurions pu imaginer il y a quelques années. Nous avons également constaté la résilience de nos économies face à la crise de la Covid-19. C’est dans ce contexte porteur d’espoir que nous avons fondé Prosperitas Africa, avec pour mission d’accélérer le développement économique et social du continent», explique Abdou Dassouli.
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L’accord de partenariat avec Oil’live Green revêt une dimension étendue, visant à établir des synergies entre la France et le Maroc dans le domaine de la filière oléicole. Tout d’abord, Prosperitas Africa mettra à disposition son expertise marocaine en vue d’accompagner Oil’live Green dans son plan d’action visant à planter et exploiter environ 100.000 hectares d’oliviers sur le territoire français. Cette expertise pointue permettra de soutenir le développement et la valorisation de la filière oléicole en France.
De plus, des formations seront dispensées aux agriculteurs, techniciens et ingénieurs français, couvrant tous les aspects de la filière oléicole, de la plantation à la commercialisation. Ce transfert de connaissances contribuera à renforcer les compétences locales et à améliorer les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. À terme, cette collaboration pourra être élargie à d’autres pays africains intéressés.
Les objectifs sont multiples, et en favorisant le rapprochement entre les institutions, les acteurs économiques et les secteurs public et privé, cette collaboration vise à encourager une coopération socio-économique entre l’Afrique et l’Europe dans le domaine de la filière oléicole. Il est essentiel de souligner que Prosperitas Africa n’a pas pour vocation de limiter ses activités au Maroc, ni à l’oléiculture, mais envisage progressivement d’étendre son champ d’action à tous les pays africains qui adhèrent à sa mission et y trouvent un intérêt. «Nous avons l’Afrique dans notre ligne de mire. Ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir être actif dans tous les pays d’Afrique sans aucune exception. Cependant, il est nécessaire de commencer quelque part. Nous débutons nos actions au Maroc afin de développer une expertise et de favoriser la collaboration dans le secteur de l’huile d’olive. Mais le Maroc n’est que le début de l’histoire», insiste Abdou Dassouli.
Et ce ne sont pas les projets qui manquent, que ce soit ceux pour lesquels il est contacté par des entrepreneurs africains désireux d’impacter la productivité des agriculteurs ou éleveurs sur le continent, ou même ceux de l’association. Par exemple, Prosperitas Africa a été contacté par un entrepreneur africain résidant au Texas pour un projet d’insémination artificielle de vaches pour améliorer la génétique des troupeaux et augmenter la production de lait. Il y a aussi ce projet agricole pour lequel un déplacement est prévu aux Îles Comores.
L’importance des collaborations agricoles internationales
Abdou Dassouli souligne que la diffusion des meilleures pratiques agricoles africaines à l’international pourrait être réalisée grâce à des partenariats avec des organisations agricoles, des programmes de formation et des échanges de connaissances. Pour lui, si de nombreuses écoles de formation agricole au Maroc, en France et dans le reste de l’Afrique peuvent servir de plateformes pour ces échanges d’expertise, certains défis potentiels se présentent, tels que les barrières linguistiques, les différences culturelles et les variations climatiques, qui pourraient entraver la mise en œuvre de ces partenariats. Pour les surmonter, il souligne l’importance de traductions précises, de l’adaptation aux contextes locaux et de collaborations interculturelles efficaces. S’y ajoute la nécessité de créer des réseaux solides et d’utiliser des technologies de communication pour faciliter le partage d’informations.
Interrogé sur les aspects politiques ou réglementaires qui pourraient faciliter de telles collaborations transnationales, le président de Prosperitas Africa souligne que l’association est apolitique. Cependant, il mentionne qu’une amélioration des procédures administratives, notamment en termes de taxes douanières, faciliterait les échanges entre les pays africains.
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Prenant la collaboration entre les filières oléicoles française et marocaine comme exemple, Abdou Dassouli souligne que de telles collaborations peuvent contribuer à la promotion de la sécurité alimentaire et à la résilience face aux défis climatiques. Et de mentionner des mesures telles que les échanges de technologies agricoles adaptées au climat local, la diversification des cultures pour s’adapter aux variations climatiques et la mise en commun des meilleures pratiques de gestion de l’eau.
Enfin, le président de Prosperitas Africa souligne les synergies potentielles entre ces collaborations agricoles et d’autres initiatives de développement rural ou de diversification agricole, tout comme l’intégration des pratiques agricoles durables dans les projets de développement rural pour renforcer l’impact positif sur l’environnement et la productivité. Il souligne également l’importance des échanges d’expertises sur les cultures adaptées à chaque région pour favoriser une économie agricole plus robuste et diversifiée.
L’olivier, une culture adaptée aux climats arides
Le partenariat entre Prosperitas Africa et Oil’live Green offre des avantages significatifs en termes de durabilité environnementale et de préservation des ressources naturelles, en particulier en ce qui concerne la gestion de l’eau et les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
L’olivier présente des caractéristiques adaptées aux climats arides, ce qui en fait une culture appropriée pour les régions confrontées à des défis hydriques, chose particulièrement pertinente pour certaines régions d’Afrique. Les oliviers sont connus pour leur résistance à la sécheresse grâce à leur système racinaire profond, qui leur permet d’extraire l’eau des couches souterraines et de réduire leur dépendance aux ressources hydriques de surface. De plus, l’olivier nécessite généralement moins d’eau que d’autres cultures, ce qui en fait un choix judicieux dans les régions où les ressources en eau sont limitées.
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En unissant leurs forces, Prosperitas Africa et Oil’live Green ouvrent la voie à une coopération fructueuse entre l’Afrique et l’Europe, au service d’un avenir plus durable pour tous. «Grâce à une gestion prudente de l’irrigation, les agriculteurs peuvent adopter des pratiques ciblées, telles que le goutte-à-goutte, qui permettent de minimiser le gaspillage d’eau et de fournir aux arbres la quantité d’eau nécessaire. En combinant l’expertise des deux pays, il est possible de développer des espèces d’oliviers résistantes aux maladies et adaptées aux conditions locales, ce qui améliorera la productivité tout en préservant les ressources naturelles», fait valoir le militant associatif.
Cette collaboration contribuera également à promouvoir des pratiques agricoles durables, telles que l’agroécologie et l’agroforesterie, qui favorisent la biodiversité, la conservation des sols et la lutte contre l’érosion, tout en réduisant l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques. En intégrant des arbres et des cultures complémentaires, les agriculteurs peuvent créer des écosystèmes plus résilients, améliorer la fertilité des sols et réduire les risques liés aux aléas climatiques.
Enfin, cette initiative de partenariat vise également à renforcer la chaîne de valeur de la filière oléicole, en favorisant la transformation locale des produits et en encourageant l’émergence d’entreprises agroalimentaires durables. Cela permettra de créer des emplois locaux, de valoriser les produits issus de l’olivier et de stimuler le développement économique des régions concernées.