Cultivées, abandonnées puis ressuscitées: les fleurs de Mali racontent l’histoire de Guinée

Les fleurs de Mali, une offrande de la nature.

Le 30/09/2024 à 11h30

Mais d’où viennent donc ces fleurs tapissant d’une palette de couleurs les vallonnements des collines près de Mali? Mais surtout comment faire pour que ce cortège floral qui éclore en septembre ne soit pas uniquement une offrande de la nature. Certains habitants de cette localité ont une idée derrière la corolle.

À Mali, ces fleurs ont, dans les souvenirs des locaux, toujours fait partie du paysage. Les villages, principalement ceux situés en hauteur, sont embellis par cette variété de fleurs uniques qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Guinée. Moustapha Souaré, habitant de Mali, en est persuadé.

Selon cet habitant de la localité au climat de savane et à l’été pluvieux, l’introduction de ces fleurs remonte à la colonisation (1891-1946), lorsque que les Français étaient séduits par le climat en altitude de cette région de Guinée, «le Blanc ramenait avec lui des bouquets de fleurs de France. Une fois fanées, il les jetait dans la nature. Ces fleurs de différentes espèces libéraient alors leurs graines lesquelles au contact du sol et irriguées par la pluie poussaient et donnaient naissance à ce tapis végétal multicolore.»

Mais le Blanc est parti, restent le jaune, le rouge, le bleu, le mauve... qui ravissent le regard des habitants du village de Horre Fello, car ailleurs, les pétales et le pollen risquent de disparaître à jamais du paysage. «Actuellement, il est rare de les trouver si ce n’est à Horre Fello», s’inquiète Moustapha.

Issiagha Souaré, lui, a déjà en tête une stratégie pour pérenniser cette flore à l’origine cultivée mais que les méandres de l’Histoire ont fait retourner à l’état sauvage. «Ces fleurs sont porteuses de graines, ce qui permet leur régénération. Une fois recueillies, ces graines peuvent être semées et donner à leur tour ces belles couleurs qui embelliront le village». Une idée qui commence à germer.


Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 30/09/2024 à 11h30