Gabon. Education, institutions, reddition des comptes: l’ONU rappelle les fondements de la protection des enfants

Le président Brice Clotaire Oligui Ngema et la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, Najat Maalla M’jid.

Le 05/12/2025 à 15h07

VidéoLa visite de la Représentante du Secrétaire général de l’ONU, la Marocaine Najat Maalla M’jid, à Libreville met en lumière les initiatives locales et les défis persistants dans la protection de l’enfance. Le constat est sombre: au Gabon, les violences contre les enfants prennent des proportions inquiétantes, s’infiltrant jusqu’en milieu scolaire

La protection de l’enfance, enjeu mondial et national, est plus que jamais au cœur de l’action sociale et politique au Gabon. Cet engagement s’est illustré par la visite récente de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies sur les violences contre les enfants, Najat Maalla M’jid, pédiatre marocaine qui «œuvre depuis une vingtaine d’années à la protection des enfants vulnérables» rappelle l’ONU.

Au terme de son séjour, elle a notamment rencontré les responsables de la Fondation Ma Bannière, créée par la Première Dame, Zita Oligui Nguema, un acteur clé dans le paysage de la protection des jeunes Gabonais.

«À la Fondation Ma Bannière, nous avons la profonde conviction que chaque initiative, aussi petite soit-elle, peut contribuer à renforcer la protection des enfants», affirme la Première Dame, Présidente de la fondation. Cet espace se veut un havre où chaque jeune en détresse peut se reconstruire, se former et retrouver sa place dans la société.

La visite de la haute fonctionnaire onusienne s’inscrit dans le cadre d’un partage d’expériences avec ces structures de première ligne, confrontées quotidiennement à une réalité alarmante.

Car le constat est sombre: au Gabon, les violences contre les enfants prennent des proportions inquiétantes, s’infiltrant notamment dans le milieu scolaire. Ces violences, physiques, psychologiques ou sexuelles, laissent des séquelles durables. «La solution, c’est déjà de punir ces actes et de sensibiliser les parents contre toute forme de violence à l’endroit des enfants. Ensuite, l’une des faiblesses de l’action est liée au phénomène des familles recomposées», analyse Esther Lydie, une jeune étudiante, pointant du doigt la complexité des dynamiques familiales.

Face à cette détresse, l’accompagnement psychologique est primordial. Sévin Bougouendji, psychologue clinicien dans un centre d’accueil, détaille la démarche «nous commençons par la mise en confiance de l’enfant, puis lettons en place des thérapies d’ordre systémiques familiales ou encore personnalisées

À Libreville, plusieurs structures comme le Centre d’Accueil Arc-en-Ciel de la Vallée Sainte-Marie offrent un abri temporaire aux enfants post-traumatiques. «Le but pour nous n’est pas de garder les enfants. Nous les remettons à leurs parents après une médiation familiale», explique Léonie Mounguengui Badjinou, assistante sociale. Ces centres accueillent des profils variés: enfants victimes de traite, d’agressions sexuelles, ou encore nécessitant un suivi post-carcéral pour une réinsertion sociale.

Lors de ses échanges avec la Fondation Ma Bannière, Najat Maalla M’jid a salué les efforts entrepris tout en lançant un avertissement salutaire. Elle a insisté sur la nécessité d’une approche systémique et responsable en soutenant que «s’il est vrai que la protection des enfants relève de l’éducation, c’est aussi le rôle de toute l’administration territoriale. Cette approche doit tenir compte de la reddition des comptes, sinon on n’y arrivera jamais

Cette visite renforce une dynamique d’engagement au plus haut niveau de l’État. Le 1er novembre 2025, le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, annonçait l’adhésion du Gabon à l’Alliance mondiale pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants, une initiative phare des Nations unies. «En rejoignant cette Alliance, le Gabon réaffirme son choix d’une société fondée sur la dignité, la justice et la bienveillance, où l’enfance est un sanctuaire que nul ne doit profaner», précisait le communiqué officiel.

L’alerte est mondiale, et le vieil adage «mieux vaut prévenir que guérir» trouve ici tout son sens. La visite de Najat Maalla M’jid aura permis de faire le lien entre l’engagement international du Gabon et le travail concret, souvent humble et constant, mené sur le terrain par des fondations et des centres d’accueil.

Le chemin est encore long, mais la mobilisation des pouvoirs publics, de la société civile et des partenaires internationaux dessine une voie vers un avenir où chaque enfant gabonais pourrait grandir à l’abri de la violence.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 05/12/2025 à 15h07