Il prêchait la bonne parole et escroquait ses fidèles: les 9000 victimes d’un cheikh mauritanien réclament justice

Les victimes du système de ponzi de Cheikh Ridha.

Le 17/02/2024 à 08h33

VidéoDes milliers de mères et de pères de familles, victimes de la plus grosse arnaque jamais enregistrée en Mauritanie, continuent de réclamer justice. Ces personnes ont été dépossédées de leurs propriétés immobilières et d’autres actifs par un religieux, d’apparence respectable, qui a été l’architecte d’une pyramide de Ponzi qui lui a permis de commettre ses forfaits.

Cela fera bientôt sept ans que quelques 9.000 Mauritaniens ont été dépossédés de leurs biens de différentes natures par un érudit, cheikh Ridha.

A travers différentes opérations frauduleuses à la pyramide de Ponzi, celle-là même utilisée par un certain Bernard Madoff, le «religieux» a dépossédé des milliers de Mauritaniens de leurs biens (terrains, immeubles, voitures...) pour un montant total estimé à plus de 70 milliards d’ouguiyas, soit autour de 170 millions d’euros.

Le religieux «aux dons mystiques» avait mis en place un véritable «système à la Ponzi» en proposant à ses victimes le rachat de leurs propriétés à des prix très largement au-dessus de leur valeur réelle. Le bien acquis est remboursé selon des échéances convenues entre les deux parties.

Les victimes évoquent le pouvoir «irrésistible» du cheikh, un don qui lui aurait permis de commettre ses forfaits. Ces faits remontent à plus de sept ans, sous le régime de l’ancien président Mohamed ould Abdel Aziz, soupçonné d’avoir accordé sa protection à celui qui prêchait la bonne parole et vidait les bourses. Mais l’arrivée du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, qui avait fait naître l’espoir chez les victimes, n’a pas fait évoluer le dossier.

L’approche de la présidentielle, en juin prochain, est considérée par beaucoup une occasion propice à l’interpellation des autorités pour trouver une solution à ce problème qui perdure.

C’est dans cette optique que les personnes spoliées ont organisé un sit-in à la place de la liberté, située entre la présidence de la République et l’Assemblée nationale, mercredi 14 février à Nouakchott.

«Je suis une femme politique engagée auprès du président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazouani. Je défends la cause de ces femmes qui se comptent en plusieurs milliers et qui ont été injustement spoliées. Je ne me préoccupes pas des victimes hommes. Les femmes doivent être rétablies dans leurs droits légitimes», fulmine Sheila mint Ahmed Zeyid, femme politique.

L’une d’entre elles s’en remet à la religion comme à la politique pour trouver une issue heureuse. «Nous sommes toutes des victimes de cheikh Ridha. Nous n’avons plus de toits depuis plusieurs années et le prochain mois béni de Ramadan nous trouvera dans la même situation, celle de pauvres sans abris. Nous interpellons le président de la République, pour le règlement de ce problème qui se pose depuis plusieurs années», implore Mounina mint Boyba.

Allant dans le même sens, Aly ould Babana, lui aussi victime de l’arnaque du cheikh, rappelle les années de souffrance d’hommes et de femmes, délestés de leurs patrimoines, la saisine de la justice pour réclamer la restitution des biens spoliés, toutes les promesses non tenues des autorités et réclame une solution pour le rétablissement des victimes dans leurs droits légitimes.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 17/02/2024 à 08h33