Au Mali, l’absence d’unités de concassage modernes est comblée par le travail manuel exécuté par des ouvriers qui utilisent des instruments rudimentaires comme le marteau ou le pilon. Ce travail de forçat fournit des matériaux indispensables au pavage des routes et à différents types de construction en réduisant le granit en granulats et moellons.
Mais dans un pays où le taux de pauvreté était 45,3 % en 2023 selon la Banque africaine de développement, de plus en plus d’actifs se tournent vers cette activité en dépit de sa pénibilité. Même pour casser, la pierre la concurrence est forte à Niamana, une commune située non loin de la capitale Bamako. Un phénomène qui n’a pas échappé à Bocar Coulibaly qui explique qu’il a «abandonné le commerce en 2009 à cause des charges familiales pour se tourner vers le métier concassage grâce aux conseils d’un collègue.» C’est un métier qui «ne rend pas riche, mais permet de survivre», assure-t-il.
Des concasseurs en train d'enlever un bloc de pierre pour le concasser.. le360 Afrique/Diemba
Et nombreux qui souhaitent survivre «aujourd’hui, je constate des changements, notamment une surpopulation du site, ce qui n’était pas le cas auparavant». Bocar Coulibaly conclut, «aujourd’hui, le secteur du concassage traverse une période difficile.»
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En plus de la concurrence, le site lui-même risque de disparaitre. Un autre casseur pierres, Madou Coulibaly, s’en inquiète «en plus des difficultés économiques, des menaces pèsent sur notre métier. Le site qui nous été attribué en toute légalité est en train d’être morcelé et vendu de manière abusive». Selon lui, «à ce rythme, nous risquons de ne plus avoir de lieu où exercer notre activité de concassage.»
Longtemps réservé aux hommes, le concassage attire aussi les femmes. Djènèba Diakité, une femme battante est venue dans le domaine après le décès de son époux et en témoigne «au départ, j’étais vendeuse de mangues que je proposais aux travailleurs de cette carrière que j’entreposais dans le hangar de Bocar Coulibaly, un exploitant. Il a fini par me convaincre d’abandonner ce commerce pour apprendre le métier de la carrière, un travail plus valorisant pour une veuve, m’avait-il dit». Elle estime qu’aujourd’hui, qu’«elle est capable de remplir un camion en quinze jours». Et de continuer sur sa lancée, «autrefois, je pouvais vendre un chargement de camion à 90.000 FCFA, mais à cause de la situation économique difficile du pays, les prix ont chuté. Actuellement, je vends ce chargement entre 50.000 et 70.000 FCFA. Mais les clients se font de plus en plus rares».