Tunis veut une coopération avec Rome respectant les droits des migrants

Le 29/12/2021 à 10h09, mis à jour le 29/12/2021 à 10h13

L'immigration clandestine était mardi au coeur d'un entretien entre le président tunisien Kais Saied et le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, qui effectuait sa première visite à Tunis depuis le coup de force présidentiel de juillet.

Lors de cet entretien au palais de Carthage, le ministre italien a exprimé le "soulagement" de son pays pour le travail effectué par la Tunisie dans la lutte contre l'immigration clandestine, selon un communiqué de la présidence tunisienne.

Le président Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet, a souligné de son côté, «les limites des politiques traditionnelles dans la gestion du phénomène de l'immigration» clandestine, appelant à une vision commune susceptible d'encourager «l'immigration régulière selon des mécanismes respectant le droit des migrants».

En mai, la ministre italienne de l'Intérieur Luciana Lamorgese avait annoncé lors d'une visite à Tunis un accord prévoyant des aides économiques à la Tunisie en échange d'efforts accrus de sa part pour empêcher les migrants d'arriver en Europe. A l'occasion de la visite de Di Maio, plusieurs ONG tunisiennes ont organisé mardi une conférence de presse pour réclamer la vérité sur la mort d'un migrant tunisien de 26 ans, Wissem Ben Abdellatif, arrivé en Sicile début octobre et décédé à l'hôpital San Camillo de Rome en novembre, après avoir été retenu dans un centre de rapatriement italien.

«Les conditions d'hébergements dans les centres de migrants ne respectent ni la dignité des personnes ni les conditions sanitaires en particulier en ces temps de pandémie», a déploré Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Selon lui, la Tunisie «s'est transformée en gardien de la mer», empêchant en 2021 plus de 26.000 migrants d'atteindre les côtes italiennes.

«Dans ces centres, les autorités italiennes obligent les migrants à signer des documents qu'ils ne comprennent pas», a renchéri Ahmed Mssedi, membre de l'organisation Avocats sans frontières.

L'Italie est l'un des principaux points d'entrée en Europe pour les migrants en provenance d'Afrique du Nord, essentiellement de Tunisie et de Libye d'où les départs sont en forte hausse par rapport aux années précédentes.

Près de 55.000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année jusqu'à début novembre, contre un peu moins de 30.000 en 2020, selon des données officielles italiennes. Plus de 70% de migrants clandestins qui partent depuis la Tunisie sont des Tunisiens, selon la même source.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/12/2021 à 10h09, mis à jour le 29/12/2021 à 10h13