Aérien: Air Algérie risque le gel de ses comptes bancaires et la saisie de ses avions en Europe

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Le 23/12/2021 à 13h04, mis à jour le 23/12/2021 à 14h32

Revue de presseAir Algérie fait face à des menaces de saisie de ses avions et/ou de gel de ses avoirs en Europe et au Canada, comme ce fut le cas de ces nombreux navires bloqués dans les ports européens. Une situation critique pour une compagnie au bord du gouffre.

Après les navires de la compagnie nationale saisis en Europe pour non-paiement du personnel navigant et non-respect des règles d’hygiène et sanitaires au bord de ses bateaux, c’est autour de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie, de faire face à la grogne des clients qui réclament le remboursement de leurs billets d’avion non consommés.

Et il faut dire que cette situation commence à prendre une ampleur inquiétante à cause du nombre élevé de clients qui se sentent floués par la compagnie nationale algérienne.

En effet, selon ObservAlgérie, citant le quotidien arabophone Echorouk, la Coordination des Algériens en Europe et au Canada qui regroupe des détenteurs de billets non remboursés par Air Algérie, plusieurs banques étrangères ont engagé des poursuites contre Air Algérie en raison de son incapacité à indemniser les centaines de milliers de clients algériens et étrangers qui ont payé des billets de la compagnie durant ces deux dernières années.

Après avoir essayé de négocier avec la compagnie sans succès, les clients, face à l’impasse, se sont retournés vers leurs banques. Ce sont ces dernières qui ont contacté des avocats spécialisés en droit de l’aviation civile qui ont décidé d’user de tous les recours possibles pour pousser Air Algérie à rembourser ses clients.

A travers cette démarche, les banques européennes et canadiennes essayent de protéger leurs clients qui ont payé leurs billets via les cartes bancaires et virements sans pour autant pouvoir bénéficier de voyage. Et selon la coordination, cet acte, qui constitue une violation des droits des voyageurs, est passible, selon le droit international de l’aviation civile, des peines pouvant entrainer les gels des comptes bancaires et même la saisie des avions de la compagnie Air Algérie, au cas où le nombre de voyageurs dépasse un certain seuil. Or, selon la Coordination, les clients réclamant le remboursement de leurs billets sont estimées à plus de 500.000. Il s’agit essentiellement de clients qui n’ont pas pu voyager en 2020 et 2021 à cause de la fermeture des frontières algériennes due à la pandémie du Covid-19.

Et vu le nombre de personnes réclamant le remboursement, la facture réclamée à Air Algérie est salée pour une compagnie au bord du gouffre bien avant l’apparition de la pandémie du Covid-19.

Du coup, Air Algérie, qui reconnait le droit au remboursement de ses clients, ne souhaite pas que la situation se dégrade et se traduise par le gel de ses comptes bancaires et la saisie de ses avions, souhaite régler le problème d’indemnisation à l’amiable avec ses clients en privilégiant la reprogrammation de leurs vols au cours des semaines à venir.

Ce choix de la compagnie s’explique essentiellement par le fait qu’elle est actuellement dans l’incapacité de rembourser en liquides ses centaines de milliers de clients du fait qu’elle souffre de problèmes financiers exceptionnels. Déjà en crise avant l’apparition du Covid-19, la compagnie, à l’instar d’autres transporteurs aériens, a été durement touchée par les fermetures des frontières des pays pour faire face à la propagation de la pandémie.

Seulement, il faut noter que la règlementation européenne dispose qu’«en cas d’annulation de vols, la compagnie aérienne est tenue de proposer en premier choix au consommateur le remboursement du billet, dans un délai de 7 jours, au prix auquel il a été acheté».

Du coup, cette possibilité de gel des comptes bancaires et de saisie d’avions inquiète les dirigeants de la compagnie algérienne qui souhaitent un règlement à l’amiable tout en promettant que tous les clients seront indemnisés au fur et à mesure, selon les capacités financières de la compagnie.

L’inquiétude est d’autant plus justifiée qu’au niveau du continent européen, la justice ne badine pas avec ce genre de situation. En atteste le blocus de plusieurs navires de transport de marchandises algériens dans plusieurs ports de pays européens (France Italie, Belgique et Espagne), durant plusieurs semaines, à cause des retards de paiement des salaires des équipages, des conditions d’hygiène déplorables dans les navires et des défaillances techniques. Là aussi, le directeur général de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan-Med), Noureddine Koudil, avait reconnu le retard de paiement des salaires du personnel navigant avançant la crise financière liée à la pandémie du Covid-19. 

Par Karim Zeidane
Le 23/12/2021 à 13h04, mis à jour le 23/12/2021 à 14h32