Algérie: détérioration du pouvoir d’achat, les syndicats des fonctionnaires annoncent des mouvements de contestation

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Le 12/04/2022 à 14h14, mis à jour le 12/04/2022 à 14h15

La flambée des prix a laminé le pouvoir d’achat des Algériens. Pour y remédier, le gouvernement algérien a révisé la grille indiciaire dans le but de revaloriser les salaires des fonctionnaires. Toutefois, son impact insignifiant pousse les syndicats à annoncer des mouvements de protestations.

Pénuries de produits de première nécessité (huile, lait, semoule,…) et flambée des prix sont le lot quotidien des ménages algériens. Une situation qui accentue la dégradation du pouvoir d’achat de la classe moyenne algérienne et la paupérisation accrue des couches les plus vulnérables de la population.

En 2021 déjà, le président de l’Association algérienne de protection et orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, avait expliqué que le pouvoir d’achat des Algériens a baissé considérablement de 50%, malgré la revalorisation des salaires des travailleurs. C’est dire que les ménages algériens ont du mal à boucler leurs fins de mois à cause des hausses des prix des produits et charges diverses.

Face à cette situation, les autorités ont multiplié les effets d’annonces pour calmer les citoyens. Et parmi les mesures annoncées figure l’augmentation de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires. Considéré comme une mesure à même de contribuer à atténuer la perte du pouvoir d’achat, le montant de cette augmentation est critiqué par les syndicats des fonctionnaires qui jugent le montant dérisoire, surtout pour les plus bas salaires qui sont les plus impactés par la flambée des prix des produits alimentaires.

Il faut dire que pour cette catégorie de salariés, ce montant est plus que dérisoire. A titre d’exemple, cette augmentation de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires se traduit par une hausse sur le salaire minimum de 2.250 dinars, avec la valeur du point indiciaire fixé à 45 dinars, soit 15 dollars.

En janvier dernier, le premier ministre Aïmene Benabderrahmane avait affirmé que la révision à la hausse de la grille indiciaire, décidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dénote «l’attachement du président à soutenir toutes les catégories sociales et augmenter les salaires». Seulement, ce n’est pas avec l’équivalent de 15 dollars que les ménages vont améliorer leur pouvoir d’achat.

C’est à juste titre d’ailleurs que les syndicalistes sont montés au créneau. Ils ont jugé le montant de cette hausse plus que dérisoire, partant de la flambée des prix de produits alimentaires, mais aussi d’autres produits non alimentaires.

Une réaction plus que justifiée quand on sait l’impact de la flambée des prix. A titre d’illustration, le prix du kilo de la banane s’est établi à 800 dinars (5,33 dollars), contre 500 dinars avant le début du mois de ramadan, alors qu’il se situait normalement autour de 250 dinars.

C’est dire que l’augmentation de 50 points indiciaires sur le salaire minimum ne permet même pas à une famille d’acheter 3 kilogrammes de banane durant le mois. D’ailleurs, concernant la banane dont le prix, à l’instar de nombreux fruits et légumes, flambe, c’est le déséquilibre entre l’offre et la demande qui est pointé du doigt, à cause des autorisations d’importation accordées au compte goute et pour de faibles quantités par le ministère de l’Agriculture, qui respecte certainement les directives des plus hautes autorités qui n’ont comme objectifs que la préservation des avoirs en devises, tant pis si le peuple s’appauvrit dans le sillage de la flambée des cours des produits alimentaires. Conséquence, la banane est devenue inaccessible et la seule solution qu’ont les Algériens c’est de lancer des campagnes de boycott de ce fruit avec le slogan «Laisser pourrir».

Seulement, ce n’est pas le seul produit dont le prix reste élevé. C'est le cas de presque tous les fruits et légumes, sans compter ceux marqués par des pénuries (huile, semoule, lait,...). C’est le cas aussi de la pomme de terre, produit très consommé, qui voit toujours son prix s’échanger au-dessus des 100 dinars, contre 5 à à 60 dinars en temps normal et ce, malgré l’autorisation des importations de ce produit afin d’augmenter l’offre dans le but de réduire les prix. Une politique qui est pour le moment un échec. Et selon les prévisions, le prix de la pomme de terre devrait se maintenir à ce niveau en attendant les récoltes de saison prévue fin mai-début juin prochains.

Très déçu face à cette inflation galopante et en l’absence d’une réaction à la hauteur des autorités, la Confédération des syndicats algériens (CSA), qui tablait sur des hausses beaucoup plus conséquentes pour atténuer la détérioration du pouvoir d’achat des Algériens, affiche son mécontentement face à la faiblesse de la hausse du point indiciaire. Consternée, elle explique clairement, dans un communiqué, que cette mesure ne va pas contribuer à «rééquilibrer le pouvoir d’achat des travailleurs».

Et pour montrer clairement leur mécontentement, les syndicats des fonctionnaires annoncent des mouvements de protestations pour dénoncer la précarité et la dégringolade du pouvoir d’achat. Ils souhaitent que les autorités révisent à la hausse le point indiciaire et le régime indemnitaire des fonctionnaires de manière à sensiblement atténuer la dégradation du pouvoir d’achat.

Par Karim Zeidane
Le 12/04/2022 à 14h14, mis à jour le 12/04/2022 à 14h15