Algérie: 42 manifestants ayant brandi le drapeau berbère toujours en prison

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Le 29/08/2019 à 09h09, mis à jour le 29/08/2019 à 09h12

Quarante-deux manifestants sont inculpés d’« atteinte à l’unité nationale » pour avoir brandi ou vendu des drapeaux berbères.

La détention préventive prolongée de quarante-deux personnes arrêtées ces derniers mois lors du mouvement de contestation en cours en Algérie est « aussi injuste qu’illégale », a dénoncé mercredi 28 août une association qui réclame leur « libération immédiate ». L’instruction les concernant « s’étire volontairement dans le temps », a dénoncé dans un communiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD).

Ce collectif, qui regroupe familles, avocats, journalistes et militants des droits humains, a été créé le 26 août pour obtenir la libération des « détenus politiques et d’opinion ». Il a estimé que ces détentions « illégales » visaient à « faire des détenus une monnaie d’échange ou un moyen de chantage pour la concrétisation de la feuille de route » du pouvoir algérien qui souhaite que la contestation accepte la tenue d’une élection présidentielle. Mais pour le CNLD, cette feuille de route du pouvoir est destinée à « régénérer le système » politique contesté par la rue.

Les autorités et l’armée algériennes veulent organiser au plus vite une élection présidentielle pour élire un successeur à l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par le « hirak », le mouvement inédit de contestation déclenché le 22 février. Mais les manifestations continuent, réclamant le départ du pouvoir des fidèles du président déchu avant toute élection.

« Lenteur de la procédure »

« On dénonce la lenteur de la procédure » visant les « quarante-deux personnes incarcérées à Alger », dont certaines sont en prison depuis juin et « personne ne sait quand le procès sera organisé », a précisé à l’AFP Kaci Tansaout, coordinateur du CNLD. Ces détenus sont inculpés d’atteinte à l’unité nationale pour avoir brandi ou vendu des drapeaux amazigh (berbère), après que l’armée eut interdit le 19 juin tout autre drapeau que l’emblème national dans les manifestations antirégime, selon M. Tansaout.

«Ils sont inculpés sur la base de l’article 79» du code pénal qui punit jusqu’à dix ans de prison «quiconque a entrepris, par quel que moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national », a précisé M. Tansaout. Mais il a estimé que ce n’était pas le cas des manifestants arrêtés, d’autant qu’aucun texte, selon lui, « n’interdit le port du drapeau amazigh ». Le 8 août, un tribunal d’Annaba (nord-est) a acquitté un manifestant arrêté en possession d’un drapeau amazigh qui était jugé pour «atteinte à l’unité nationale». Le parquet avait requis dix ans de prison.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/08/2019 à 09h09, mis à jour le 29/08/2019 à 09h12