Quels sont les pays exposés à des tensions sociales, du fait de la crise sanitaire et de son impact économique sur la planète? Le cabinet britannique Verisk Maplecroft spécialiste dans la gestion du risque pays en a dressé une liste. Il en juge 37 «hautement exposés», c’est-à-dire où la probabilité de troubles sociaux est très forte, alors que les conséquences du Covid-19 sur les économies et les citoyens y suscitent des inquiétudes.
Dans ce rapport intitulé "Civil Unrest Index Projection from risk analysis company Verisk Maplecroft", le cabinet souligne que la pandémie va aggraver le chômage, les inégalités sociales et susciter de nouveaux troubles qui peuvent devenir un catalyseur pour des changements de régime dans de nombreux pays.
Verisk Maplecroft a classé les pays selon un ratio des risques sociaux préexistants à la pandémie et de la capacité des pays à rebondir économiquement à la crise («taux de récupération»). Ce ratio est calculé à partir de 140 critères: forces des institutions étatiques, stabilité des gouvernements en place, terrorisme, conditions de travail, corruption, risques de catastrophes naturelles, dynamismes économiques, sensibilité des populations aux restrictions et aux mesures de lutte contre la pandémie, etc.
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Sur la base de ce ratio de risques, le cabinet britannique avance que 37 pays seront confrontés à des pics de troubles importants au cours du second semestre de cette année, entraînés par une douloureuse reprise économique post-pandémie qui augmentera le mécontentement de la population à l’égard des gouvernements.
Parmi ces pays, on note un grand nombre de pays africains, dont, notamment, trois grandes économies du continent: le Nigeria, l’Egypte et l'Algérie. La liste compte également l’Ethiopie, le Kenya, le Mozambique, la RD Congo, etc.
Dans ces pays, le risque de manifestations va s'intensifier dans un contexte de récession économique, de pauvreté et d’incapacité à garantir des approvisionnements alimentaires adéquats, souligne le rapport.
Il s’agit globalement de pays qui connaissaient, bien avant la crise du Covid-19, certaines instabilités et des tensions sociales et politiques, et pour lesquels une simple étincelle pourrait déclencher des troubles majeurs.
C'est le cas de l’Algérie, qui connaît depuis plus d’une année une crise politique aiguë marquée par des manifestations populaires qui n’ont été interrompues provisoirement que par la crise du coronavirus. La pandémie est donc venue aggraver une crise politique, économique et sociale déjà tendue.
Seul pays du Maghreb à figurer dans cette liste de 37 pays du monde où les risques de tensions sociales sont jugés très importants, l’Algérie s’en est indignée via ses canaux de propagande.
Ceux-ci oublient que l’Algérie est aussi le seul pays de la région qui a connu, une année durant, des protestations populaires contre le régime politique et la gouvernance. Des manifestations qui n’ont été suspendues qu’à cause des risques de contagions pour les centaines de milliers d’Algériens qui manifestaient chaque vendredi avant le déclenchement de la crise sanitaire.
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Au Nigeria, le cabinet britannique souligne que les grandes agglomérations, dont Lagos, Abuja et Kano, risquent d’être les foyers des troubles sociaux au cours des prochains mois. L’inflation touchant particulièrement les produits alimentaires de base, cela expliquerait ces tensions sociales. Ainsi, à Lagos, l’agglomération de plus de 20 millions d’habitants, les prix des denrées alimentaires ont flambé et certains produits ont connu des hausses atteignant 50%.
L’Afrique du Sud, après la décennie Zuma, traverse sa pire crise économique et est frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19, en enregistrant plus de la moitié des cas du continent.
En Ethiopie, la situation tendue depuis plusieurs années peut empirer avec les conséquences désastreuses de la pandémie. Les récents troubles ethniques faisant suite au décès d’un chanteur populaire ont entraîné des manifestations de masse qui ont occasionné plus de 160 morts.