«Nous sommes tous du même côté de la barricade, personne ici n’est plus patriote que l’autre, nous devons sauver notre pays qui se trouve aujourd’hui face à un tournant décisif», a d’emblée souligné le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
L’Algérie qui traverse depuis quelques années une crise économique et financière aiguë, aggravée depuis par une crise politique, à laquelle s’est greffée depuis le début de l’année en cours une crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, se penche sur un plan de relance économique, mais surtout sur un nouveau modèle économique qui devrait l’aider à sortir de celui du tout pétrole dans lequel il est emprisonné depuis de nombreuses décennies.
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Il est urgent pour l'Algérie de passer à un nouveau modèle économique. Sa forte dépendance aux hydrocarbures qui représentent plus de 95% des recettes d’exportation et 60% des ressources budgétaires a plongé le pays dans une crise profonde, obligeant le gouvernement à geler de nombreux projets et à charcuter le budget afin d’atténuer l’ampleur du déficit budgétaire.
La crise sanitaire et ses impacts sur le cours du baril de pétrole ont mis à nu les faiblesses de l’économie algérienne. Et les dirigeants craignent que la récession économique attendue cette année et la hausse du chômage aggravent les tensions politiques et sociales. Seule la crise sanitaire a mis en veilleuse la contestation populaire contre le système qui dirige l’Algérie depuis de nombreuses décennies.
C’est à ce titre, et après la finalisation par les différents départements ministériels de leur feuille de route, que s’est ouvert ce mardi 18 août, au Centre international des conférences (CIC), cette réunion de travail pour plancher sur un plan de relance de l’économie algérienne, mais aussi et surtout sur un nouveau modèle économique.
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«C’est une véritable concertation qui permettra au gouvernement d’écouter et d’échanger avec les autres partenaires sociaux. Ces derniers seront invités aussi à prendre connaissance des attentes et objectifs de l’Exécutif en matière de développement socio-économique», a expliqué Ferhat Aït Ali, ministre de l’Industrie, qui ajoute qu’«il n’est pas question de discuter ni sur la conjoncture économique ni sur la situation financière du pays».
Plus globalement, cette rencontre de deux jours vise à permettre au gouvernement algérien de relancer sur le court terme la machine économique grippée et surtout, sur le moyen et long terme, de baliser les pistes d’un nouveau modèle économique.
Pour la relance économique, le président Tebboune a révélé la disponibilité d’une enveloppe de 1.900 milliards de dinars (12,5 milliards de dollars) auquel 12 milliards de dollars pourraient être ajoutés pour réussir le pari de la reprise économique.
Mais au-delà, ce qui compte, c’est la transition vers un nouveau modèle économique qui «ne doit plus être un slogan creux», a souligné le président algérien.
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L'objectif de cette rencontre est d’offrir aux parties présentes une réflexion profonde sur le modèle économique actuel, basé sur une économie de rente pétrolière, et de ressortir avec un nouveau modèle pour une économie productive, compétitive et pérenne.
Il est vrai que le changement de modèle économique, visant à passer d’une économie rentière à une économie diversifiée, a été pendant des années un slogan creux, «mais désormais ce ne sera plus le cas: ou on passe aux actes en diversifiant notre économie en sortant de l’addiction aux hydrocarbures ou on va droit dans le mur», a martelé le président Tebboune.
A ce titre, le président a déjà fixé un cap difficile à tenir. Considérant que le modèle économique basé sur la rente pétrolière «a tué toute forme d’initiative», le président algérien a décidé de réduire la dépendance aux hydrocarbures en faisant passer celle-ci, dans les deux années à venir, de 98% à 80%. Un objectif qui ressemble plus à un slogan.
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Le défi semble en effet impossible à relever dans un délai aussi court, sachant qu’il faudra tout construire alors que la conjoncture est loin d’être favorable du fait de la crise sanitaire, de la chute des réserves en devises du pays et de l’aggravation de la balance des opérations courantes...entre autres.
D’autant que le président algérien refuse catégoriquement «l’idée même de l’endettement extérieur avec le FMI, la Banque mondiale, ou même les pays amis». Il l'a répété.
Pour réussir à réduire cette dépendance aux hydrocarbures, le président Tebboune compte mettre l’accent sur les exportations des produits autres que le pétrole et le gaz.
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Tebboune entend cibler le marché africain. Et pour mener à bien cette conquête, il n’hésite pas à copier le modèle qui a fait le succès du Maroc sur le continent, en s’appuyant sur le triptyque: développement de la diplomatie économique, implantation de banques sur le continent et ouverture de lignes de transport aérien et maritime.
Seulement, contrairement au Maroc qui jouit d’une présence historique en Afrique de l’Ouest et centrale, grâce à des liens cultuels qui ont été savamment consolidés et enrichis durant des décennies dans tous les domaines, l’Algérie doit tout construire à partir de rien, ou presque. De plus, que produit l’Algérie de manière compétitive pour exporter en Afrique? Les rares industries des secteurs électroniques et électroménagers sont fortement dépendantes des kits importés d’Asie sans aucune valeur ajoutée locale.
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Et pour que les banques algériennes puissent s’internationaliser, il faudrait d’abord qu’elles puissent se consolider et atteindre une certaine taille. Ce qui est loin d’être le cas actuellement.
Bref, à l’instar des précédentes rencontres visant à sortir l’Algérie de la crise, cette conférence pourrait rester le cadre de discours sans lendemain et le nouveau modèle économique tant souhaité pour sortir l’Algérie de sa dépendance de la rente pétrolière risque encore d’attendre.