Il faut avoir le cœur bien accroché pour oser regarder les images envoyées par un "observateur" de la chaîne de télévision France 24. A son accent, on devine qu'il est camerounais, mais il affirme que dans les camps de concentration il y a "des Guinéens, des Maliens, des Sénégalais, des Ivoiriens, des Nigérians, des Sierra-Léonais, des Libériens…".
Liant le commentaire à l’image, il décrit et montre des conditions de détentions inhumaines dans les camps. Des gobelets et assiettes en plastiques jetables, de l’eau sale venant peut-être des sanitaires… La saleté est partout et des dizaines de migrants à qui l’Algérie est en train de nier toute humanité sont traités comme des animaux. La promiscuité dans les salles exiguës dépasse l’imaginable.
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"Il y a cinq matelas pour 150 personnes, certains dorment par terre", malgré le froid de l’automne. Et puis, il y a un homme étendu sur un matelas incapable de bouger. "Il est malade depuis trois jours", indique le commentaire à propos de cette personne la place est visiblement sur un lit d’hôpital et non dans ce camp.
Tout commence par des rafles dont les autorités algériennes sont les seules à avoir le secret. La police ou les forces de l’ordre se rendent d’abord dans les lieux de résidence des migrants subsahariens. Elles défoncent la porte, les embarquent tous des bus pour les regrouper dans des camps à la périphérie d’Alger ou des grandes villes. Ensuite, ce sera direction le désert algérien, dans la wilaya de Tamanrasset à plus de 2.000 km au sud d’Alger.
L’"observateur" précise que "soit, on vous laisse à Assamakah (au Niger, Ndlr), soit à In Guezzam (un peu au sud de Tamanrasset, Ndlr). Parfois d’autres sont chanceux, on les laisse au niveau de Tamanrasset, mais pas à Tamanrasset ville, au moins à 150 ou 200 km plus loin".
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Sans doute est-ce là que débute le vrai calvaire, puisque sans eau, sans nourriture, et dépouillés de leur argent, les migrants jouent alors leur vie dans le désert.
Ce n’est pas la première fois que l’Algérie s’adonne à cette pratique inacceptable d’expulsion de migrants subsahariens. En 2016, à la veille d’un forum africain d’investissement, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique dénonçait la plus grande chasse à l’homme noir de l’histoire du pays. Les faits étaient identiques à ceux d’aujourd’hui.
Et souvent, dans leurs déclarations officielles, les autorités ne se gênent pas pour faire preuve de racisme, traitant les migrants de "porteurs de maladies", de "trafiquants de drogue", comme ont eu à le faire des ministres et conseillers de l’ex-chef d’Etat Abdelaziz Bouteflika. Ce fut le cas de Farouk Ksentini, son conseiller aux droits de l’homme qui accusait les Subsahariens de "propager le sida" pour justifier de telles pratiques.