Âgé de 75 ans, Tebboune a été admis le 28 octobre dans "l'un des plus grands établissements spécialisés" d'Allemagne", sans précision de lieu.
En fait, il est absent depuis au moins cinq semaines. Car il s'est mis "volontairement à l'isolement" dès le 24 octobre - date de son dernier tweet - après avoir été en contact avec des hauts responsables de la présidence et du gouvernement contaminés, puis admis "dans une unité de soins spécialisés de l’hôpital militaire de Ain Naâdja à Alger. "Son état de santé n'inspire aucune inquiétude", avait alors assuré la présidence.
"Cette longue absence pour maladie, doublée d’un +protocole+ d’information langue de bois, indique que le président est vraiment malade", observe le politologue algérien Mohamed Hennad.
"Mais si cette absence prolongée pose problème, ce n’est pas à cause de la maladie elle-même, c'est parce que le pouvoir, manquant de culture de l’État et de bon sens, se complique l’existence pour rien car la vérité finit toujours par éclater", relève Hennad.
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L'absence de Tebboune a réveillé le spectre de la vacance du pouvoir lors des hospitalisations à l'étranger d'Abdelaziz Bouteflika après son grave accident vasculaire cérébral en 2013.
A la suite de cet épisode, c'est son frère Saïd qui a dirigé le pays et tenté avec le clan présidentiel d'imposer un 5e mandat de Bouteflika, poussant les Algériens à descendre massivement dans la rue en février 2019. Bouteflika démissionnera le 2 avril 2019 sous la double pression de l'armée et du soulèvement populaire, inédit et pacifique, du Hirak.
Depuis son départ - pour Cologne et à bord d'un avion médicalisé français, selon des médias algériens -, six communiqués, sommaires et parfois contradictoires, ont été distillés par la présidence.
Ainsi, après avoir annoncé le 28 octobre qu'il était hospitalisé en Allemagne pour des "examens médicaux approfondis", la présidence a expliqué le lendemain qu'il recevait "le traitement adéquat et [que] son état de santé" était "stable et pas préoccupant", sans jamais préciser de quoi souffre Tebboune, un gros fumeur.
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Ce n'est que le 3 novembre qu'un communiqué lapidaire a annoncé qu'il était infecté par le Covid-19. Cinq jours plus tard, la présidence a indiquait que le chef de l'Etat était "en passe d'achever son traitement". Puis le 15 novembre, un autre communiqué précisait qu'il avait achevé son traitement et subissait "des examens médicaux".
Article 102
Depuis, c'est le silence, hormis une dépêche de l'agence officielle APS le 20 novembre faisant état d'une lettre de la chancelière allemande, Angela Merkel, "dans laquelle elle se réjouit qu’il se soit remis de son infection au coronavirus".
Interrogé par l'AFP, un porte-parole du gouvernement allemand a répondu que "la chancelière allemande a(vait) envoyé un message écrit de prompt rétablissement au président algérien Tebboune", sans autre détail.
Cette communication pour le moins parcellaire et l'absence d'images du président ne cessent d'alimenter rumeurs et spéculations en tout genre en Algérie, au moment où ce pays subit une recrudescence de la pandémie.
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L'incertitude sur l'état du président Tebboune - censé promulguer la nouvelle Constitution après le référendum du 1er novembre et ratifier la loi de Finances 2021 - pousse certaines voix à réclamer l'application de l'Article 102 de la Loi fondamentale, relatif à la vacance du pouvoir, afin d'éviter une crise constitutionnelle.
"L’Article 102 facilite bien les choses dans la mesure où le constat de vacance de pouvoir se fait en deux temps: l'état d'empêchement temporaire (du président), d'une durée maximale de 45 jours, puis sa démission de plein droit au-delà de cette durée", explique Hennad.
Dans ce cas, le président par intérim du Sénat, Salah Goudjil, un ancien combattant de la guerre d'indépendance âgé de 89 ans, assurera l'intérim en attendant l'élection d'un nouveau chef d'Etat.