En Algérie, personne n'est en mesure de dire exactement pourquoi le lait manque tant. Il est impossible de se procurer le moindre sachet de lait subventionné, explique le site d'information Algérie 360. Selon cette source, "Alors que les principaux intervenants dans la filière lait s’accusent mutuellement, le lait en sachet subventionné se fait toujours rare, ou du moins connait des perturbations dans la commercialisation".
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L'Office national interprofessionnel du lait (Onil) continue d'affirmer qu'il a mis à la disposition des producteurs suffisamment de matière première composée de la poudre de lait, ces derniers disent à leur tour en avoir produit en quantité pour couvrir les besoins, renvoyant la balle aux distributeurs. Cependant, au final, les Algériens ne parviennent toujours pas à avoir accès à ce produit de première nécessité.
"Des pères de famille sont obligés de prendre sur leur temps de travail pour «faire la chaîne» afin d'acheter un sachet de lait quand ils ne sont pas forcés de prendre en sus du lait pasteurisé un sachet de lait de vache, une vente concomitante interdite par la loi mais que certains commerçants enfreignent allègrement", écrit pour sa part Tout sur l'Algérie.
En plus d'aller chercher du lait pour ses quatre enfants dans les heures de travail, ce père de famille (vidéo) doit se contenter d'un seul sachet pour un ménage composé de six personnes.
Actuellement, un constat s'impose: les pénuries ne touchent pas que le lait. Elles concernent beaucoup de produits importés comme les poissons et même les médicaments. Cela laisse penser que leur origine commune est le manque de devises auquel l'Algérie est en train de faire face.
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Il faut dire que l'Algérie a toujours compté sur les importations de produits alimentaires pour satisfaire ses besoins. En 2019, l'Algérie a dépensé 1,25 milliard de dollars pour importer plus de 232.000 tonnes de lait entier en poudre et environ 167.000 tonnes de poudre de lait écrémé. De même, ne pouvant pas dépasser une production de poisson de 72.000 tonnes par an, le pays d'Afrique du nord achète jusqu'à 400.000 tonnes de produits halieutiques pour couvrir ses besoins.
Autre indicateur, au premier trimestre 2020, malgré toutes les restrictions, le pays avait importé l'équivalent de 2 milliards de dollars en produits alimentaires divers. En ce moment, officiellement, les réserves de changes étaient autour de 60 milliards de dollars et le baril du pétrole s'échangeait enore entre 65 et 70 dollars. Donc, il y avait encore de l'espoir de retarder le jour zéro en devises, c'est-à-dire ce moment fatidique où la réserve de change s'épuiserait.
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Si autant de pénuries sont signalées, c'est sans doute parce que l'Algérie a décidé de réduire sensiblement les sorties de devises. N'est-ce pas ce qui a fait limoger l'ex-ministre des transports et le directeur d'Air Algérie pour avoir simplement acheté des cuillères et autres couteaux pourtant indispensables pour servir des plats dans les avions en vol?
La vérité est que le régime algérien qui prétend encore avoir 29 milliards de dollars de réserves de change est en train de cacher la gravité du problème auquel il est actuellement confronté, d'autant plus qu'il ne veut pas recourir au financement extérieur pour alléger la tension de manque de devises. Au-delà des pénuries, l'autre conséquence directe de cet épuisement des réserves de changes, est la chute de la valeur du dinar. Il en faut actuellement 209 pour un euro ou 170 pour un dollar, un niveau jamais atteint auparavant.