C’est un secret de polichinelle: les données quotidiennement annoncées par les autorités algériennes, relatives à l’évolution de la pandémie du Covid-19 sont tronquées. Tout est fait pour minimiser l’importance de la pandémie du coronavirus dans le pays, et par là même, c'est l'occasion de tenter tant bien que mal de camoufler les échecs du gouvernement, tant dans sa gestion de la crise sanitaire, qu'à propos de l’insuffisance des structures sanitaires du pays.
Toutefois, la saturation des capacités litières de ces structures sanitaires, un nombre anormal de décès suspects, qui se comptent par centaines, et surtout le nombre élevé de bi-nationaux ayant quitté l’Algérie pour les pays européens, dont la France, et qui se sont révélés massivement porteurs du virus, attestent de la non-véracité des chiffres quotidiennement égrénés par les autorités.
Ainsi, «alors que tous les pays du pourtour méditerranée connaissent une forte hausse de contaminations, l’Algérie enregistre officiellement une baisse insolente du nombre de morts liés au coronavirus», souligne le site d'informations Mondafrique, fondé par le journaliste Nicolas Beau.
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Certains supports algériens avaient à plusieurs reprise fait part de leur étonnement quant aux chiffres avancés par les autorités avant d’être rappelés à l’ordre et avoir même fait l’objet de menaces.
D’ailleurs, Algériepart titrait, le 10 juin dernier, «Covid-19 en Algérie: voilà pourquoi les chiffres des autorités algériennes sont faux et trompeurs», expliquant dans l'article que «le ministère de la Santé algérien a préféré recourir à l’usage du scanner thoracique pour remédier à la pénurie cruelle des tests de dépistages PCR en Algérie», et détaillant le fait qu’il s’agirait là d’un «choix charlatanesque et irrationnel puisque les cas contaminés, ne présentant pas de détresse respiratoire ou de syndromes respiratoires, ne seront pas détectés par des scanners thoraciques».
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Cette manipulation des chiffres a été également indexée par la directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique du Nord, Matshidi Rebbecca Moeti, qui avait mis en cause la «fausse baisse» des cas de contamination au Covid-19 à travers les données trompeuses des autorités algériennes, ce qui avait entraîné l’ire de celles-ci.
Pour autant, les autorités algériennes disposent des vrais chiffres de la pandémie du Covid-19 dans le pays. Selon le site en ligne français, «d’après un document interne du gouvernement algérien, le nombre de décès s’est fortement accru. Ainsi, le nombre de décès cumulés jusqu’au 25 août auraient atteint 6.858 cas contre 1.456 annoncés officiellement».
Le nombre de décès liés à la pandémie a donc été minoré de 4,51 fois, en se basant sur les données officielles des autorités.
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Cette réalité est d'ailleurs confirmée sur le terrain, où le nombre de décès liés au Covid-19 non comptabilisés par les autorités reste très élevé.
«Alors que les autorités algérienne se contentaient de déclarer entre 7 et 11 décès du coronavirus entre le 22 et 25 août, les chiffres officieux mais néanmoins réels font état de 37 morts le 22 août, de 71 morts le 24 août et de 44 morts le 25 août», révèle Mondafrique.
Des chiffres confirmés par les témoignages du personnel de la santé algérien, qui fait état, au sein de nombreuses unités hospitalières du pays, de dizaine de décès en relation avec des détresses respiratoires, sans qu'ils ne soient rattachés à la pandémie du Covid-19, et ce, sur ordre des autorités.
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Ce qui est valable pour les décès, l’est aussi pour les contaminations. Plusieurs médias algériens ont annoncé, à maintes reprises, que les chiffres publiés quotidiennement sont infondés. D'ailleurs, toujours d’après les données du document dont Mondafrique est en possession, «à la date du 25 août, l’Algérie comptait un peu plus de 72.000 cas confirmés, au lieu des 42.228 annoncés officiellement».
Il faut dire que sur ce point précis, l’Algérie est l’un des rares pays qui ne communique plus sur le nombre de tests Covid-19 réalisés.
En tout, selon les données de CDC Afrique (Africa Centres for Disease Control and Prevention), Alger a fait réaliser 133.757 tests, contre 3,64 millions de tests pour l’Afrique du Sud et 1,85 million de tests pour le Maroc.
C’est dire que les cas Covid-19 confirmés en Algérie ne pouvaient être que faibles, du fait de la quasi-absence de tests administrés aux patients qui présentaient les symptômes du Covid-19.