Egypte: forte croissance du PIB, inflation élevée et programme massif de privatisation

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Le 27/05/2022 à 15h12, mis à jour le 27/05/2022 à 15h13

L’économie égyptienne a affiché une forte croissance de 7,8% au terme des 9 premiers mois de l’exercice 2021-2022. Toutefois, elle fait face à une inflation galopante. Ainsi, pour stimuler l’investissement privé, le gouvernement a annoncé un programme massif de privatisation.

Après une croissance faible de 1,9% sur les 9 premiers mois de l’exercice 2020-2021 (juillet 2020-mars 2021), l’économie égyptienne se reprend et devrait afficher une forte croissance au titre de l’année fiscale 2021-2022 (juillet 2021-juin 2022). En effet, au terme des 9 premiers mois de cet exercice, soit à fin mars 2022, le taux de croissance s’est établi à 7,8%. Et sur toute l’année fiscale 2021-2022, celui-ci devrait atteindre 6,2%, selon Hala El-Said, la ministre de la Planification et du développement économique.

Cette progression résulte de l’évolution favorable de nombreux secteurs d’activité. C’est le cas du secteur de la restauration et de l’hôtellerie, qui a affiché une croissance de 62,8%. Après deux années de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, le tourisme égyptien se reprend grâce à la réouverture des frontières dans le sillage de la chute des contaminations au Covid-19.

Les arrivées de touristes augmentent fortement et la première destination touristique africaine qui a rapidement réouvert ses frontières compte tirer profit de l’embellie. Outre le tourisme, les télécommunications avec le développement des services internet à haut débit, le canal de Suez, l’industrie manufacturière et le bâtiment connaissent des croissances solides de respectivement 16,4%, 13%, 10,3% et 8,2%. 

Toutefois, les secteurs qui ont le plus contribué le plus au PIB durant les 9 premiers mois de l’année sont la production manufacturière, le commerce, les industries extractives, les activités immobilières et l’agriculture. Ces cinq secteurs ont représenté 61% du PIB du pays au terme des 9 premiers mois de l’année.

Les industries alimentaire, chimique et pharmaceutique, les matériaux de construction et les appareils ménagers se sont développés, et il y a eu une hausse des exportations industrielle de produits chimiques, plastiques et d’engrais. Ces exportations ont bénéficié fortement de l’évolution favorable des cours sur le marché mondial, notamment pour ce qui concerne les engrais, dont les cours flambent depuis le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine. Pour ce produit, l’Egypte est très compétitive grâce notamment à la disponibilité des ressources gazières importantes, découvertes au cours de ces dernières années et qui permettent une production très compétitive des engrais.

Grâce à cette croissance économique, le taux de chômage a légèrement baissé au cours du troisième trimestre à 7,2%, contre 7,4% au cours de la même période de l’exercice précédent.

Le seul hic, c'est que l’inflation est galopante. Celle-ci est passée de 8% en janvier à 14,9% en avril sur une base annuelle. Cette inflation à deux chiffres se traduit par une nette perte de pouvoir d’achat des citoyens. Afin d'y faire face, la Banque centrale d'Egypte a augmenté son taux directeur de 200 points de base pour réduire les liquidités et freiner la hausse des prix. 

Parallèlement, en dépit de la croissance et de la hausse des exportations ainsi que des recettes touristiques et des transferts de la diaspora, les réserves de change du pays continuent de baisser pour s’établir à 37,1 milliards de dollars. Une situation qui s’explique par la flambée des cours des matières premières agricoles importées, notamment le blé dont l’Egypte est le premier importateur mondial avec des importations qui atteignent les 13 millions de tonnes par an. Or, le cours du blé ne cesse de flamber.

Suite à la dévaluation de la livre égyptienne pour renforcer l’attractivité du pays au niveau du tourisme et des investissements et stimuler les exportations, le pays cherche à attirer 40 milliards de dollars d’investissement au cours des 4 prochaines années. Dans ce cadre, le gouvernement a annoncé un vaste programme de cessions d’actifs publics à des investisseurs privés en se retirant complètement de certains secteurs de l’économie: automobile (véhicules électriques), centres de données, réseaux de distribution du pétrole et du gaz, unités de liquéfaction de gaz, tours de communication et éoliennes… 

D’autres secteurs devraient également prendre le chemin des privatisations dans les années à venir, tels que les projets d’énergie renouvelable, les usines de dessalement d’eau de mer, les actifs éducatifs, les banques, etc. Les privatisations devraient générer 10 milliards de dollars par an au cours des 4 prochaines années. Avec ces privatisations, les autorités égyptiennes souhaitent que les investissements privés, qui représentent environ 30% des investissements actuellement, atteignent 65% d’ici 4 ans et puissent tirer l’économie égyptienne.

A travers cette décision de privatisation à grande échelle, après celle de la dévaluation, l’Egypte souhaite aussi répondre aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) en poursuivant les réformes structurelles à même de stimuler son économie.

Par Karim Zeidane
Le 27/05/2022 à 15h12, mis à jour le 27/05/2022 à 15h13