Egypte: un ancien moine exécuté pour le meurtre d'un évêque en 2018

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Le 09/05/2021 à 15h15, mis à jour le 09/05/2021 à 15h15

L'ancien moine copte Isaïe al-Makari a été exécuté dimanche pour le meurtre en 2018 de l'évêque Epiphanius, 68 ans, qui dirigeait le monastère Saint-Macaire de Scété, a-t-on appris dimanche auprès de la famille du condamné.

"Nous avons été avertis à 08H00 (06H00 GMT) ce matin que l'exécution avait eu lieu à la prison de Damanhour et je suis en route pour récupérer le corps", a dit à l'AFP Hany Saad Tawadrous, frère d'Isaïe al-Makari qui avait été condamné en 2020.

"Je ne l'ai même pas dit au reste de la famille parce que je ne voulais pas leur briser le coeur", a-t-il ajouté.

L'exécution par pendaison a été confirmée à l'AFP de sources judiciaire et sécuritaire.

Le haut dignitaire religieux avait été retrouvé gisant dans un couloir de son monastère, situé à 80 kilomètres au nord-ouest du Caire, avec des blessures à la tête.

Isaïe, âgé d'une trentaine d'années, avait rapidement été défroqué après la découverte du corps.

L'organisation de défense des droits humains Stop the Death Penalty Egypt a également confirmé l'exécution sur les réseaux sociaux en soulignant que plusieurs appels au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à gracier le condamné avaient été ignorés.

Selon la même source, le procès a été entaché d'irrégularités et s'est tenu après des confessions forcées.

Amnesty International avait dénoncé fin avril un "risque d'exécution imminent" de l'ancien moine.

"Il a été victime de graves violations des droits humains dont disparition forcée, torture, procès inéquitable", selon l'ONG, qui avait affirmé que les aveux du moine avaient été obtenus "sous la torture".

 Minorité choquée

Wael Saad Tawadros, qui avait pris le nom d'Isaïe al-Makari en tant que moine de Saint-Macaire de Scété, avait avoué avoir frappé l'évêque avec une barre de métal, avec la complicité d'un second moine, Philotheos al-Makari.

L'affaire, qui a défrayé la chronique durant près de deux ans, a profondément choqué la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient.

Les Coptes représentent 10 à 15% des plus de 100 millions d'Egyptiens et font souvent l'objet de discriminations voire de violences extrémistes, dans un pays majoritairement peuplé de musulmans.

Des rumeurs sur les possibles motifs du meurtre -ambition et affaires de moeurs, en tête- ont fleuri au fil des mois mais les autorités ont simplement évoqué des "différends" entre les trois hommes d'Eglise.

La justice égyptienne a condamné à mort les deux moines Isaïe et Philotheos al-Makari en avril 2019, après avoir obtenu l'aval du Grand Mufti du pays, pour avoir commis "l'un des plus grands crimes", selon le jugement du tribunal.

La Cour de cassation a confirmé cette décision en juillet 2020 tout en réduisant la peine de Philotheos al-Makari à 25 ans de prison, soit la perpétuité en Egypte.

A la suite de cette affaire, le clergé traditionnellement discret de l'Eglise copte avait appelé ses moines à remettre la spiritualité au centre de leurs vies.

Il a également pris un certain nombre de mesures en ce sens, leur interdisant notamment de s'exprimer sur les réseaux sociaux.

Les exécutions en Egypte font souvent l'objet de critiques de la part d'organisations de défense des droits humains.

Ainsi, selon Human Rights Watch, l'Egypte est devenue l'un des dix pays appliquant le plus les peines capitales depuis l'élection d'Abdel Fattah al-Sissi en 2014.

Les exécutions visent à la fois des détenus de droit commun et des opposants accusés notamment de faits de terrorisme.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 09/05/2021 à 15h15, mis à jour le 09/05/2021 à 15h15