Vidéo. Burkina Faso: la justice se fait toujours attendre, 23 ans après l’assassinat de Norbert Zongo

Le360/ Jean-Paul W. Ouédraogo

Le 14/12/2021 à 12h13, mis à jour le 14/12/2021 à 12h16

VidéoSix ans après le dernier rebondissement dans l’affaire Norbert Zongo, la procédure judiciaire piétine au plan pénal. Le journaliste d'investigation avait été assassiné par des personnes proches de l'ancien régime de Blaise Compaoré, le frère de ce dernier serait même au coeur de l'affaire.

Le 13 décembre 1998 (23 ans), le journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons ont été retrouvés morts calcinés à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, alors qu’ils se rendaient dans un campement de chasse. Le rapport d’enquête avait conclu leur assassinat d’autant plus que le journaliste d’investigation enquêtait sur la mort, dans des conditions troubles de David Ouédraogo, alors chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l’ex président burkinabé Blaise Compaoré.

Six ans après le dernier rebondissement dans l’affaire en mai 2017, la procédure judiciaire piétine au plan pénal. Pour les avocats de la famille, la procédure n’a que trop duré si tant est qu’à l’interne (au plan national) les hypothèses pour vider le dossier n’en manquent pas.

«Il faut savoir que le dossier Norbert Zongo peut bien être jugé au Burkina sans la présence de François Compaoré. Même s’il est évident qu’on souhaiterait que ce soit en sa présence. Mais c’est une hypothèse qu’il faut bien envisager. Et s’il venait à être jugé hors sa présence, ce serait un jugement par défaut comme son frère qui est en train d’être jugé dans l’affaire Thomas Sankara», déclare Me Prosper Farama, avocat de la famille Zongo.

Toujours selon Me Farama, l’une des issues possibles à ce dossier, reste aussi la procédure d’extradition de François Compaoré, contre qui un mandat d’arrêt international avait été lancé par Interpol en mai 2017. Mais la suspension en août 2021 de son extradition depuis la France vers le Burkina par la Cour européenne des droits de l’Homme, tarde à faire éclater la vérité sur ce dossier.

«Au stade actuel, d’un point de vue juridique, devant la Cour européenne des droits de l’Homme, nous ne pouvons rien faire. Parce que même l’avocat qui défend l’Etat burkinabé dans le dossier d’extradition, notre consœur Me Anta Guissé…son boulot est terminé depuis que l’affaire est allée devant la cour africaine des droits de l’Homme. Parce que tant que c’était devant l’Etat français, c’était l’Etat burkinabé contre François Compaoré et l’Etat burkinabé avait commis Me Anta Guissé pour la défense de ses intérêts», explique l’avocat.

23 ans après le drame de Sapouy (Centre-Ouest), la lutte ne faiblit pas. Mieux, les parents des victimes, les organisations de journalistes et les syndicats sont résolument engagés à poursuivre le combat afin que toute la lumière soit faite sur ce crime.

Par Jean-Paul Windpanda Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 14/12/2021 à 12h13, mis à jour le 14/12/2021 à 12h16