Malgré la recrudescence de l'épidémie, elle doit servir de tour de chauffe avant la compétition reine du continent, la Coupe d'Afrique des nations (CAN), qui se jouera en janvier 2022 également au Cameroun, et fait figure de test de la capacité de Yaoundé à héberger une compétition internationale au moment où il est confronté à deux conflits sanglants: dans le nord où le groupe jihadiste Boko Haram multiplie les attaques et dans les régions anglophones de l'ouest du pays.
Le tournoi, prévu du 16 janvier au 7 février, oppose seize sélections nationales africaines et rebat généralement les cartes du football continental africain, puisque les stars africaines évoluant à l'étranger n'ont pas le droit d'y participer.
Cette sixième édition de la compétition devait initialement se tenir en avril 2020, mais avait été repoussée à cause de la pandémie
Plusieurs milliers d'aficionados du ballon rond sont attendus pour cette première grande compétition continentale depuis l'apparition du virus. Une délivrance pour certains supporters, comme Martin Tobokbe, un habitant de Yaoundé. "Mon pays organise et joue ce tournoi, c'est un devoir de le supporter", se réjouit-il.
"Inquiétude réelle"
Mais ce tournoi est un "défi d'envergure" pour le Cameroun, estime le docteur Yap Boum II, épidémiologiste et responsable d'un centre de recherches de Médecins sans frontières (MSF) à Yaoundé. "Avec les voyageurs qui arrivent, il y a un risque d'importation du virus", prévient-il.
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"L'inquiétude est bien réelle, d'autant que les Camerounais ne respectent quasiment plus les mesures contre le virus", estime-t-il.
Le CHAN va se dérouler pendant qu'une deuxième vague de l'épidémie frappe le continent africain et que l'apparition de nouveaux variants du virus fait craindre une explosion des contaminations.
Face à la maladie, qui a déjà fait 451 morts au Cameroun et touché officiellement quelque 27.336 personnes, les autorités du pays ont adopté un protocole sanitaire. Limitation à 25% du taux d'occupation des stades lors des premières phases de la compétition, puis 50% à partir des demi-finales, port du masque obligatoire, distanciation sociale...
"La distance entre deux spectateurs est établie entre deux à trois sièges", a précisé à l'AFP Hervé Emmanuel Nkom, responsable d'un des deux stades retenus pour la compétition à Douala, la capitale économique.
Sans l'Algérie
Le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi a souligné en outre un "dispositif spécial de marquage des places assises", tandis que le Premier ministre Joseph Dion Ngute a cherché à rassurer, évoquant "un moment de plaisir".
Le pays est "en train de sortir du Covid-19, c'est donc l'occasion pour les Camerounais d'être contents après une année difficile", a-t-il affirmé en décembre.
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Les rencontres se dérouleront dans les stades de trois villes: Yaoundé, Douala et Limbé, dans le sud-ouest du pays, une région en proie à une insurrection séparatiste anglophone qui a fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile depuis fin 2016.
Le défi est donc également sécuritaire pour le Cameroun qui n'a plus organisé de tournoi majeur de football masculin depuis 1972, alors que des séparatistes ont menacé de perturber la compétition à Limbé, mais aussi à Buéa, également dans la région du Sud-Ouest, où certaines équipes s'entraîneront.
Dans ce climat pesant, le Cameroun ouvre le bal samedi au stade de Yaoundé face au Zimbabwe en présence du président de la Fédération internationale de football (Fifa), Gianni Infantino.
Le Maroc est candidat à sa propre succession après son titre à domicile en 2018, en l'absence de l'Algérie, lauréate de la dernière CAN.