Ouattara, 78 ans, a invité son "aîné, (l'ancien) président Henri Konan Bédié (86 ans) à une rencontre dans les tout prochains jours pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance", a-t-il dit lors d'une adresse télévisée à la Nation, quelques heures après la validation de sa victoire (avec 94,27% des voix) au premier tour de la présidentielle du 31 octobre par le Conseil constitutionnel.
L'opposition, qui a boycotté le scrutin et refusé de reconnaître sa réélection, a créé un Conseil national de transition (CNT).
Si le président Ouattara a "demandé" à l'opposition de mettre un terme "définitif" au CNT, il a aussi "réaffirmé sa disponibilité pour un dialogue sincère et constructif avec l'opposition dans le respect de l'ordre constitutionnel".
"Je demande à tous nos concitoyens dans un élan d'apaisement des esprits et des coeurs d'oeuvrer pour renforcer la paix", a ajouté le président Ouattara, promettant à deux reprises qu'il serait le "président de tous les Ivoiriens".
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Il a aussi exprimé sa "compassion" aux personnes décédées lors des violences électorales, citant même les noms d'une dizaine de victimes de tous âges et de toutes ethnies.
"Je vous invite au pardon mutuel et à la tolérance pour continuer de vivre ensemble dans la paix", a-t-il insisté.
La crainte d'une escalade des violences reste présente dans ce pays d'Afrique de l'ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts.
Six personnes ont été tuées et 41 blessées lundi dans des affrontements intercommunautaires à Daoukro (centre-est), fief de M. Bédié.
Parmi ces six morts, "une (personne) à été décapitée et une autre" est morte brûlée, a indiqué à l'AFP la préfète de région Solange Aka.
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A Elibou (centre), trois personnes ont été tuées dans des affrontements entre des gendarmes et des habitants de plusieurs localités de la zone qui manifestaient en bloquant l'autoroute, selon les témoignages de plusieurs habitants.
Au moins vingt personnes sont mortes lors de violences pendant le scrutin ou dans son sillage. Avant l'élection, une trentaine de personnes étaient déjà mortes dans des troubles et des violences intercommunautaires depuis le mois d'août, soit un total d'une cinquantaine de morts.
D'autres incidents ont éclaté lundi dans le centre du pays, à Abidjan et Yamoussoukro (la capitale administrative) ainsi qu'à Bouadikro et Bongouanou (centre-est), fiefs de Pascal Affi N'Guessan, selon des habitants.
Plusieurs leaders de l’opposition, dont l'ancien Premier ministre Affi N'Guessan, son porte-parole, ont été arrêtés, alors que d'autres comme Henri Konan Bédié sont bloqués à leur domicile par les forces de l'ordre.
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Le procureur d'Abidjan Richard Adou a annoncé le 6 novembre que plusieurs d'entre eux faisaient l'objet d'une enquête pour "complot contre l'autorité de l'Etat", "mouvement insurrectionnel", "assassinat" et "actes de terrorisme".
Appels au dialogue
Il s'agit de Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principal parti d'opposition), interpellé le 3 novembre, de Pascal Affi N'Guessan et de l'ancien ministre Abdallah Mabri Toikeusse.
Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a "pris note" lundi de la validation de l'élection par le Conseil constitutionnel mais a "continué à exprimer son inquiétude quant à la montée de la tension". Il s'est dit "particulièrement inquiet" des "arrestations et restrictions de mouvements" de leaders de l'opposition.
La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a exhorté lundi les parties en Côte d'Ivoire à "s'abstenir de toute incitation à la violence et à engager un dialogue constructif".
Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels avait été remis à zéro. Ce que l'opposition conteste.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), "3.600 personnes" ont fui la Côte d'Ivoire vers le Liberia. Le HCR s'était déjà alarmé la semaine passée de la fuite de milliers d'Ivoiriens vers le Liberia, le Ghana et le Togo.