En en octobre 2024 il y a eu l’ouverture simultanée de cinq nouveaux centres de demande de visa en Afrique du Sud par le prestataire externe VFS Global pour le compte du Royaume-Uni (Cape Town, Durban, Johannesburg, Port Elizabeth et Pretoria), deux nouveaux centres au Kenya (Nairobi et Mombasa), un nouveau centre au Ghana (Accra), ainsi qu’un nouveau centre à Abidjan, Antananarivo, Banjul, Île Maurice, Kinshasa, Libreville, Rabat, Tunis et Alger.
TLS Contact a remporté en 2023 un nouveau contrat pour la France au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon, à Madagascar, et au Nigéria. L’entreprise gérait déjà des centres de visas pour la France au Gabon et à Madagascar.. DR.
Un mois plus tard, c’est au tour du concurrent TLS Contact d’annoncer l’ouverture de deux nouveaux centres de visas français en Afrique subsaharienne (Nairobi au Kenya et Dar Es Salaam en Tanzanie), huit mois après l’inauguration d’un nouveau centre de visas français au Caire. Autant d’ouvertures qui démontrent que l’expansion récente des activités de TLS Contact et de son principal concurrent VFS Global en Afrique et dans d’autres régions du monde est sur une pente haussière. Cela illustre bien la tendance croissante à l’externalisation des services de visa par les pays émetteurs.
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Par leur expansion fulgurante ces dernières années, les leaders mondiaux de l’externalisation des services de visa, TLS Contact et VFS Global, renforcent leur emprise sur le marché africain, au détriment de concurrents de moindre envergure comme Capago.
Nombreux sont les pays émetteurs de visa qui externalisent désormais la collecte des demandes et la gestion des centres de dépôt auprès de ces deux mastodontes, notamment en Europe, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande.
Entre autres motivations pour les pays émetteurs de visa, l’on peut citer la réduction des coûts et des charges administratives pour les ambassades et consulats, la possibilité d’accéder à l’expertise logistique et technologique de ces entreprises spécialisées ou encore l’amélioration, l’efficacité et la rapidité du traitement des demandes de visa. Cependant, certains pays comme les États-Unis, l’écrasante majorité des pays africains, du Moyen-Orient et d’Asie gèrent encore en interne la majorité de ces processus.
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En parallèle, la tendance croissante à l’externalisation des services de visa par les pays émetteurs exacerbe la concurrence entre les acteurs. Une annonce de TLS Contact illustre cette donne : « veuillez noter que UK Visas & Immigration commencera à transférer les services de traitement des demandes de visa pour le Royaume-Uni de TLS Contact à VFS Global à partir d’octobre 2024».
Ce transfert des services de visa britanniques illustre le côté mouvant et hautement concurrentiel de ce marché de l’externalisation des visas, où les entreprises se disputent des contrats d’envergure auprès des gouvernements. Cela illustre également la nature évolutive et concurrentielle de ce marché d’externalisation de services.
Nouveaux bastions d’envergure en Afrique
TLS Contact a récemment consolidé ses positions en Afrique en ouvrant de nouveaux centres pour la France au Cameroun, au Congo, au Gabon, au Nigéria et à Madagascar. Pour l’Allemagne, l’entreprise vient d’inaugurer des antennes à Nairobi (Kenya) et Tunis (Tunisie), et prévoit d’autres ouvertures en Arabie Saoudite. Elle a aussi déployé 21 centres de services pour l’Australie. Quant à VFS Global, il vient de prendre la main sur les services de visa britanniques dans 31 pays africains comme l’Afrique du Sud, le Kenya, le Ghana et la RDC. L’entreprise zurichoise opère également pour la Finlande dans 10 régions dont l’Afrique.
Les raisons de cette expansion en Afrique: la forte demande de visas dans cette région en pleine croissance démographique et économique, la volonté des pays émetteurs de mieux contrôler les flux migratoires en provenance d’Afrique et la nécessité d’externaliser ces services pour faire face à l’afflux de demandes.
«Nos centres de visas dans la région jouent un rôle essentiel dans le maintien des liens et des échanges avec la France», déclare Bilal Diaa, directeur régional de TLS Contact, lors de l’inauguration, le 7 novembre 2024, de deux nouveaux centres à Nairobi et Dar Es Salaam.
Pourquoi cette vague d’externalisation?
Déjà présent dans 21 pays pour le compte du gouvernement français, TLS Contact servira désormais les demandeurs de visa au Kenya et en Tanzanie, où la France externalise pour la première fois la collecte des demandes de visa. En outre, la proximité de la Somalie permettra aux Somaliens de déposer leur demande à partir du centre de Nairobi.
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Il faut retenir que l’externalisation auprès de ces mastodontes vise à augmenter la productivité des services étatiques en leur transférant des tâches administratives chronophages comme la réception des dossiers et la biométrie. Cela leur permet de se concentrer sur l’instruction des demandes et les fonctions régaliennes.
Les centres de ces grands groupes offrent un service standardisé à l’échelle mondiale, avec des facilités comme la prise de rendez-vous et le suivi en ligne, pour améliorer l’expérience du demandeur. L’externalisation s’avère moins coûteuse pour les États que la gestion en interne des centres de dépôt de dossiers. Et pour TLS ou VFS, l’effet de l’économie d’échelle leur permet de dégager des profits substantiels.
Un duopole incontesté mais critiqué
Avec plus de 3.400 centres dans 153 pays pour VFS et une présence dans 91 États pour TLS Contact, les deux groupes trustent désormais l’essentiel du marché africain avec peu de concurrents crédibles à même d’ébranler leur duopole.
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Leur quasi-monopole de fait les rend incontournables pour les États désireux d’externaliser, même si les populations dénoncent parfois leur manque de proximité et les coûts supplémentaires pour les demandeurs de visa dus aux frais de service. S’ils vantent leurs processus de contrôle de qualité et de cybersécurité, des interrogations demeurent sur la protection des données personnelles traitées par ces prestataires privés.
À court terme, la donne devrait perdurer vu les budgets contraints des États. Une chose est sûre, l’Afrique reste un marché en croissance pour ces groupes, qui vont poursuivre leur essaimage en ouvrant toujours plus de centres pour différents pays émetteurs de visas.
Seule ombre au tableau, le risque d’entrée sur le marché africain de nouveaux acteurs mondiaux de l’externalisation des services de visa, qui viendraient concurrencer ce duopole bien établi. Mais à l’heure actuelle, rien ne semble pouvoir freiner la marche conquérante de TLS Contact et VFS Global sur le continent africain.