Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre le président Alpha Condé au pouvoir depuis plus de dix ans (2010-2021), s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), favorable à une transition d'une durée moindre, a rejeté le 3 juillet ce délai, lors d'une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l'organisation.
Elle avait le même jour annoncé une nouvelle mission de médiation en Guinée, comprenant notamment l'ex-président béninois Yayi.
Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, et le président de la Commission de la Cédéao, le Gambien Omar Alieu Touray, ont été accueillis mercredi à Conakry par le colonel Doumbouya, a indiqué à l'AFP une source à la présidence guinéenne.
Yayi se trouve quant à lui dans la capitale guinéenne depuis mardi, a dit à l'AFP un responsable de l'organisation régionale à Conakry.
Lire aussi : Guinée: le ministre du Commerce nommé Premier ministre par intérim
Les trois hommes ont été reçus mercredi par le colonel Doumbouya.
Ils ont ensuite rencontré Bernard Gomou, qui assure l'intérim du Premier ministre Mohamed Béavogui en voyage à l'étranger, et des membres de son gouvernement, le président et des membres du Parlement de transition, ainsi que des diplomates de France, des USA, d'Allemagne, du Japon et d'Italie, selon la même source.
La télévision publique guinéenne a montré mercredi soir des images de ces rencontres, selon un journaliste de l'AFP. Le contenu de ces différents entretiens n'a pas été divulgué.
Embalo et Touray ont ensuite quitté Conakry mercredi soir, sans faire de déclaration. Yayi y est resté, selon la même source à la Cédéao qui n'a pas précisé la date de son départ de Guinée et ce que sera la suite de sa mission de médiation.
Par ailleurs, une coalition menée par le chef du principal parti en Guinée, l'ex-Premier ministre Cellou Dalain Diallo, s'est «inquiétée» mercredi de «l'allongement dangereux de la liste d'atteintes aux droits fondamentaux qui risque de porter un coup fatal aux efforts de médiation de la Cédéao», dans un communiqué transmis à l'AFP.
Lire aussi : Mali, Guinée, Burkina: les sanctions au menu d'un sommet ouest-africain très attendu
L'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad), formée de partis, de mouvements et d'associations, «proteste» notamment contre «l'interdiction de sortie du pays» concernant Oumar Sylla alias Foniké Menguè, coordonnateur du FNDC, une autre coalition qui avait récemment menacé de reprendre les manifestations en Guinée, interdites par la junte.
Sylla devait prendre part de mardi à jeudi à Dakar à une réunion organisée par des organisations de la société civile ouest-africaine mais a été «empêché de sortir du pays sur instruction de la junte» qui a refusé qu'il embarque lundi à l'aéroport de Conakry, selon le FNDC.
Il avait déjà été violemment interpellé le 5 juillet, avec deux autres leaders du mouvement, provoquant de violentes manifestations spontanées. Ils avaient tous trois été relaxés à l'issue d'un procès où ils étaient jugés pour «outrage à magistrat».
Les autorités guinéennes, jointes mardi et mercredi par l'AFP, n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.